(Pan European Recording/A+LSO/Sony Music)
En moins de temps qu’il n’en faut pour traverser la Meuse en Thalys, le nouveau venu Flavien Berger séduit et intrigue avec ses propositions musicales. Le Parisien intègre le collectif Sin~ du côté de Bruxelles et pousse les machines dans les failles de leurs programmations pour agrémenter les performances de cette bande d’artistes. Sa rencontre avec Judah Warsky lui ouvre les portes du label Pan European Recording sur lequel paraissent deux maxis en 2014 (Glitter Gaze et Mars Balnéaire), qui dénotent drôlement dans la production actuelle.
Beaucoup d’idées, beaucoup d’images, beaucoup de temps pour des morceaux sans véritable filiation ni influence. La reprise magistrale de Life In A New Motion de Poni Hoax et divers concerts finissent de faire monter la cote du néo-trentenaire au sein de cette jeune vague de musiciens qui confrontent la variété aux expérimentations les plus diverses, comme ses collègues de Paradis dans un registre plus lancinant (quoique) et dansant (quoique). Épique et joueur, Flavien Berger n’aime rien tant qu’à dévier ses titres de leurs cibles initiales, entre expérimentation 70’s, mélancolie 80’s et dance 90’s.
Ainsi, la boucle acide en ouverture de 88888888 s’échoue dans l’enregistrement d’une fanfare mariachi tandis que le rockabilly électronique du single La Fête Noire s’immole sur des chœurs et des notes de piano angéliques. Le petit cœur de velours de son auteur saigne sur les très jolis Rue De La Victoire et Vendredi.
Sa façon de composer, en improvisation totale et en jeu permanent, autorise une liberté artistique sans équivalent et développe surtout une sensation rare de puissance et d’espace comme sur l’incroyable symphonie en clôture de ce premier album. Inattendu et renouvelé, le grand frisson de Léviathan n’attend guère. Entrez dans la cinématographie poétique de Flavien Berger.