Ce disque ressemble à une compression de César. Un acte violent, radical. La section rythmique de feu Women, à savoir Matt Flegel à la basse et Michael Wallace à la batterie, nous offre un montage sonore hallucinant. Dès Newspaper Spoons, on ressent l’étau se resserrer immanquablement sur nous. Une ambiance viciée, claustrophobe et dévastatrice.
Viet Cong est donc un fragment. Fragment d’un groupe mort où l’on retrouve les morceaux épars d’un imaginaire musical – la new-wave anglaise. Les natifs de Calgary allument un drôle de feu, nous donnant à voir un spectacle unique et tordu, comme si John Carpenter dansait ivre mort dans une boutique de porcelaines. Tout au long de ce disque pressé et haletant, Viet Cong chevauche de vastes territoires.
On divague facilement, des échos salaces de Brian Eno à une touche de guitare ligne claire à la Byrds aussitôt ravalée par le lyrisme hystérique de Frog Eyes. Une odyssée qui cite frénétiquement l’oracle de The Zombies, précipitant le spectaculaire psychédélique dans une crevasse industrielle peu réjouissante.
Ça va vite, ça frappe fort. Viet Cong récupère pour nous des rêves syncopés et des restes fumants de discothèques jadis adorées. Aucunement rétro, cette œuvre martèle le passé pour en retirer une substance jusqu’alors inconnue. Un braconnage charmant.