Considéré comme le sommet de l’oeuvre des Rallizes Dénudés, groupe culte de la scène underground japonaise, Live Tachikawa 77 fait l’objet d’une réédition chez le label niçois Mono-Tone.
Figures mythiques de l’underground japonais, les Rallizes Dénudés auront traversé près de trois décennies, de 1967 jusqu’à la dissolution du groupe en 1996, sans enregistrer le moindre disque en studio. Leur leader, Takashi Mizutani, un chanteur extrêmement charismatique, associé aux Brigades Rouges japonaises et obsédé par le White Light/White Heat du Velvet Underground, était sans doute trop perfectionniste, ou trop exigeant avec lui-même, pour supporter l’idée d’“achever” une œuvre en studio. Le groupe ne laissera qu’une discographie éparse, faite d’albums live plus ou moins officiels et/ou désirés. Edité une première fois en 1991 et réédité aujourd’hui (enfin !) par le label niçois Mono-Tone, ce stupéfiant Live Tachikawa 77 est généralement considéré comme le sommet de l’œuvre discographique du groupe. Le rock des Rallizes Dénudés y apparaît dans toute sa puissance visionnaire via des ballades post-psychédéliques couvertes de réverb’, de larsens, déchirées par les stridences de quelques envolées guitaristiques ultra-saturées et, surtout, hantées par le chant terriblement désincarné de l’inquiétant Mizutani. Construit sur une ligne de basse reproduisant la mélodie du très innocent I Will Follow Him de Peggy March, l’époustouflant Night of the Assassins est sans doute l’exemple le plus frappant de ces ballades terrifiées et pétries dans l’enfer de la dissonance qui auront profondément marqué des groupes comme Sonic Youth, Primal Scream, My Bloody Valentine ou Amen Dunes, entre autres.
Cédric Rassat