11 disques à rattraper avant l'été 2024
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11 disques à rattraper avant l’été

Magic vous propose une sélection de 10 disques (+1 album de la semaine désynchronisé) que le rythme des sorties du printemps a tenus trop longtemps à l'écart de nos colonnes. Rattrapages.

Dossier réalisé par Grégory Bodenes | Rémi Lefebvre | Wilfried Paris | Jérémy Pellet | Benjamin Pietrapiana | Cédric Rouquette | Jules Vandale

Shellac - To All Trains

SHELLAC
To All Trains
(TOUCH AND GO RECORDS) – 17/05/2024

– ROCK ÉTERNEL

Producteur – il préférait «ingénieur du son» – mythique des albums les plus marquants du rock indépendant américain (Surfer Rosa des Pixies, In Utero de Nirvana, Rid of Me de PJ Harvey, The Magnolia Electric Co. de Songs: Ohia… parmi environ 1500 références), chanteur et guitariste de Big Black, de Rapeman et, enfin, du trio Shellac – avec Bob Weston à la basse et Todd Trainer à la batterie –, Steve Albini a passé quarante ans à se consacrer à sa vision exigeante et passionnée – d’électricité, de live, de matériel analogique – de la musique rock. Le sixième album de Shellac sort dix ans après le précédent, Dude Incredible, et dix jours après le décès d’Albini, à 61 ans, d’une crise cardiaque. La disparition du principal maître d’œuvre de l’esthétique inimitable du trio altère sans doute notre perception de l’album. Comment ne pas voir sa pochette – une austère photographie en noir et blanc d’un hall de gare – comme une métaphore de son ultime voyage ? Enregistré live et mixé dans les studios Electrical Audio de Chicago en 2017, 2019, 2021 et 2022, To All Trains montre cependant un groupe toujours bien vivant, bien là, fidèle à ses principes : punk, noise, hardcore, math rock, minimalisme rigoriste, répétitions massives, des silences s’ouvrant comme des gouffres pour des explosions de guitares ou des solos virtuoses de batterie, le plus beau son de batterie de tous les temps, des lyrics qui font la blague, la voix blanche ou en colère. Ramassés sur moins de 30 minutes, ces dix titres laissent peu de temps pour souffler, entre le math rock épuré de Tattoos, le groove froid de Chick New Wave ou le lancinant Girl from Outside. Days Are Dogs (rappelant les Minutemen) et Scabby the Rat (qui ressemble à une version hardcore de Lucifer Sam de Pink Floyd) tout en stop-and-go, n’atteignent même pas les deux minutes. On retrouve – parfois de manière un peu conventionnelle, il faut le dire – tout ce qui était déjà présent en 1994 sur le premier album de Shellac, At Action Park. To All Trains n’apporte rien de vraiment neuf, mais toujours autant de plaisir d’écoute, ici seulement imprégné de la tristesse du deuil et, déjà, d’une certaine nostalgie. – W.P.

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