Vous êtes victime de l’habituel blues post-farniente ? Pas d’inquiétude, Magic vous a sélectionné les disques qui vont bien vous accueillir dans ce moment difficile.
Tunng – Songs You Make at Night
(Full Time Hobby / [PIAS]) – 24/08/2018
Sur Songs You Make at Night, le sixième album du groupe anglais, se trouvent onze nouvelles perles qui repoussent les limites de la folktronica. Ce disque – un des coups de coeur de notre numéro 210 – couronne quinze années d’expérimentations et livre la version la plus aboutie de ce courant. Comme si la musique de Tunng avait été burinée par le temps, enrichie dans tous ses contours pas des cerveaux déjà bien entraînés. Cédric Rouquette
Lemon Twigs – Go To School
(4AD) – 24/08/2018
Dès leur deuxième album les Lemon Twigs s’attaquent à l’exercice du concept-album avec ce musical dont le héros est Shane, un chimpanzé élevé par des humains. Un disque aux nombreuses citations des années 1970, mais brillant et débordant de confiance. Benjamin Pietrapiana
Her’s – Invitation to Her’s
(Heist or Hit Records) – 24/08/2018
BC Camplight – Deportation Blues
(Bella Union) – 24/08/2018
Le Brexit peut avoir des dommages collatéraux désirables, comme le quatrième disque de cet Américain émigré chez nos voisins anglais. Deportation Blues, plus électronique que ses prédécesseurs, présente le regard d’un expatrié sur un pays qui s’égare (I’m in a Weird Place Now, Fire in England). Grégory Bodenes
Ólafur Arnalds – Re :member
(Mercury KX) – 24/08/2018
L’Islandais Ólafur Arnalds vieillit comme du bon vin avec ce quatrième album. Sans doute a-t-il accepté de remettre une part de risque dans ce qui commençait à ressembler à une recette, retenant quelques leçons de son projet techno minimale Kiasmos avec Janus Rasmussen. L’omniprésence du beat offre quelques nouvelles pistes proches du Maritime (2005) de Minotaur Shock (Re :member, Inconsist, Undir). Grégory Bodenes
White Denim – Performance
(City Slang) – 24/08/2018
Après le départ de la moitié du groupe en 2015, Steve Terebecki et James Petralli étaient à deux doigts de condamner White Denim. Heureusement, le très rock’n’roll Stiff est paru l’année d’après, première œuvre d’une nouvelle formation qui restait à définir. Aujourd’hui, Performance, huitième album, revient sur les crises identitaires des débuts de la bande. Chayma Mehenna
Basement Revolver – Heavy Eyes
(Fear Of Missing Out Records / Bertus France) – 24/08/2018
Il aura fallu deux ans – et un premier EP éponyme remarqué – pour que Basement Revolver dégaine Heavy Eyes. Le trio canadien conjugue au pluriel un rock indie infusé dans les nineties et une pop délicatement sucrée. Un premier “disque pansement” prometteur, nourri d’histoires intimes et de blessures personnelles du passé. Julien Bouisset
Mark Lanegan & Duke Garwood – With Animals
(Heavenly) – 24/08/2018
Cinq ans après le somptueux et presque acoustique Black Pudding, Mark Lanegan et Duke Garwood ont décidé de renouveler leur pérégrination musicale commune. Le multi-instrumentiste a déposé la guitare tendre et l’inspiration folk du premier opus pour étirer des mélodies distordues dans une succession de boucles hypnotiques, à l’instar de Lonesome Infidel. Julien Bouisset
Laurel – Dogviolet
(Counter Records) – 24/08/2018
Une guitare électrique qui mène le jeu, une batterie en retrait, et une voix à la fois brute et délicate : pour son premier album, Laurel fait simple, mais puissant. Tout comme son sujet d’étude : l’amour. La jeune Britannique, native de Southampton, a dû s’enfermer chez elle, à Londres, pour penser toutes les facettes de ce qui inspire tous les musiciens du monde. Paméla Rougerie
Soltero – Western Medicine Blues
(Microcultures) – 24/08/2018
Soltero, le projet de l’Américain Tim Howard, fait des révérences pop folk à Jonathan Richman, dont il partage la propension à mêler légèreté et profondeur (I Want to Have a Baby). À l’image des Wave Pictures, Soltero se niche dans une sphère temporelle marquée par les sixties sans jamais être rétro. Grégory Bodenes
Joel Henry Little – Spuyten Duyvil
(Life is a Minestrone Records) – 24/08/2018
Avec Spuyten Duyvil, le musicien de 20 ans révélé sur Bandcamp reste fidèle à la musique baroque et à celle du XXe siècle. Le morceau See-Saw accompagnerait aussi bien les pas des colons dans le Nouveau Monde que la jeunesse californienne des années 1970. Marie Moussié
Helena Hauff – Qualm
(Ninja Tune) – 24/08/2018
Sur son deuxième album, Helena Hauff essore ses synthétiseurs, tord ses boîtes à rythme et ponce ses filtres pour bâtir une techno industrialisante, tantôt brute, tantôt acid, toujours massive. On s’est rarement tant pris dans la figure cette science qui consiste à tirer le maximum du minimum. Robin Korda
Steady Holiday – Nobody’s Watching
(Barsuk Records) – 24/08/2018
Dre Babinski propose aujourd’hui, deux ans après son premier album solo Under The Influence, un délicat recueil de chansons un poil pessimistes quant à l’époque et le monde qui l’entoure. Schématiquement, ces dix morceaux nous racontent que le mal est au commande depuis le début de l’histoire. Pourtant, la légèreté formelle opposée à ce constat est une belle réussite pour cette musicienne à facettes découverte dans le groupe d’indie rock Dusty Rhodes and the River Band, au début des années 2000. Benjamin Pietrapiana
Juanita Stein – Until the Lights Fade
(Nude Music / Modulor) – 31/08/2018
Un an après un premier album America, la jeune femme reste cramponnée à cette idée fixe : gravir sa montagne sacrée, l’americana, par son versant le plus rock. La chanteuse et guitariste des Australiens Howling Bells a pour elle de beaux arguments – une voix réversible, intérieur velours, extérieur cuir et la patine feutrée de Stuart Sikes, producteur du terrassant The Greatest de Cat Power. Jérémy Pellet
Wild Nothing – Indigo
(Captured Music) – 31/08/2018
En trois albums, tous plus excellents les uns que les autres, Jack Tatum a su forger avec Wild Nothing un style facilement identifiable entre new wave passionnante et dream-pop débridée. Si l’esthétique évanescente et onirique demeure elle aussi, l’Américain, originaire de Virginie, fait quelque peu évoluer sa musique sur ce Indigo très réussi. Luc Magoutier
IDLES – Joy as an Act of Resistance
(Partisan) – 31/08/2018
Avec son deuxième album, IDLES continue de dépoussiérer les sonorités anguleuses et rêches du post-punk d’antan, instille une tension sans concessions, dans la foulée du sulfureux Brutalism auto-produit, sorti l’année dernière. Distorsions rugueuses, batterie martiale et hululements définissent un son qui n’est pas, ici, le sujet principal. Pour ces gars qui parlent gros cons, politique et inégalités sociales tous les soirs au pub, pas question d’une œuvre dénuée de sens. Chayma Mehenna
Jonathan Jeremiah – Good Day
([PIAS]) – 31/08/2018
Quatrième album et premier crime de lèse-majesté pour Jonathan Jeremiah. Avec Good Day, le songwriter londonien tourne le dos à ses influences anglaises – Nick Drake et John Martyn en tête – pour loucher ouvertement vers l’Amérique et sa country-folk early seventies classieuse et orchestrée. Rythme mid-tempo, basse diserte et arrangements de cordes façon Bacharach : l’héritage reçu par ces onze ballades soul-folk est parfaitement digéré. Jérémy Pellet
Anna Calvi – Hunter
(Domino) – 31/08/2018
L’Anglaise Anna Calvi est inépuisable sur sa volonté sauvage de se libérer des injonctions de la société à son encontre, et celle des femmes en général. Hunter est un nom qui s’accorde ici au féminin et fait de la chanteuse-guitariste-compositrice une “chasseuse” de sensations qui considère la vie, la société et le temps dont elle dispose comme une terre d’aventures – sexuelles en bonne partie. Cédric Rouquette