Dominique Dalcan – Hirundo

Seize ans d’attente, le prix à payer pour goûter enfin au plaisir trop longtemps différé des retrouvailles avec Dominique Dalcan, cet artiste au talent singulier qui n’a eu de cesse d’incarner une certaine forme d’exigence esthétique peu en phase, il faut bien l’avouer, avec les tendances dominantes de l’univers frelaté de la variété française. L’époque s’est donc souvent montrée injuste et même cruelle à l’égard de celui qui affichait d’emblée la plus noble des ambitions : devenir “un artisan dans l’industrie des sentiments” pour reprendre ses propres termes employés sur Brian, le plus célèbre extrait de Cannibale (1996), un album monumental qui fait encore aujourd’hui figure de référence presque indépassable dans le paysage musical hexagonal des années 90. Sans doute trop passionné pour se montrer revanchard, Dalcan se contente donc de combler la béance silencieuse des trop nombreuses années écoulées en signant un retour aussi flamboyant que les rayons solaires qui embrasent la pochette d’Hirundo. Tout au long de ces onze titres magistraux et contrastés, on retrouve cette grâce mélodique et ce timbre particulier – entre gravité profonde et vacillements plus fragiles dans les aigus – qui surlignent avec délicatesse les images surgies d’une poésie à la fois directe et profondément évocatrice. Mieux encore ! Ce quatrième LP synthétise à la perfection les différents fragments de son parcours parfois chaotique : depuis la pop soyeuse et classique de Transhumance jusqu’aux textures électroniques à la fois mystérieuses et propices à la rêverie, sans doute connectées aux expériences parallèles réalisées sous l’alias Snooze (Des Hommes Et Des Lions, Paratonnerre, Ton Nom Liberté), en passant par le dépouillement cru et presque bouleversant du simple binôme piano/voix (La Clope Au Bec). Débarquée en plein cœur de l’hiver, cette seule Hirundo suffira à faire fleurir le printemps.


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