Dean Wareham – Dean Wareham

Qui pourrait honnêtement en vouloir à l’excellent Dean Wareham d’être un chanteur normal ? Précurseur du slowcore, de la dream pop et du post-rock au sein de Galaxie 500, faux traditionaliste au sein de Luna qui préfigurait la démarche à la fois classique et expérimentale d’un groupe comme Wilco, et tentant en vain de brouiller les pistes avec sa compagne Britta Phillips depuis quelques années, Dean Wareham, à l’instar de sa matrice Lou Reed, est donc devenu au fil du temps un classique. Après le récent mini-album Emancipated Hearts (2013), voici ce qui semble juste d’appeler son premier véritable album solo. On y retrouve pourtant tous les chemins parcourus – une constance dans le songwriting dont on retrace l’origine depuis Today (1988), le tout premier album de Galaxie 500. Mais Today, c’est aujourd’hui, et Dean Wareham a posé des conditions relativement simples à Jim James (My Morning Jacket), fan de longue date chez qui il est allé enregistrer à Louisville (Kentucky). Un minimalisme dans l’orchestration (My Eyes Are Blue) qui n’exclut pas l’incroyable sève toujours renouvelée des solos de guitare (I Can Only Give My All) et une fausse modernité qui, si elle tombe parfois un peu à côté de la plaque (The Dancer Disappears), confère à l’ensemble une continuité qui n’est pas sans charme ni tendresse (Love Is Not A Roof Against The Rain). On pourrait simplifier et dire que Dean Wareham ressasse toujours la même chanson, mais ce serait cruel au vu de notre intimité précise avec cette chanson. Et quand l’homme se fend encore d’un tube modeste de la trempe d’Holding Pattern, qu’on écoutera en boucle chaque jour que Dieu fait pour mieux masquer la cruauté du monde, on ne peut que se sentir comme à chaque fois de connivence avec cet immense monsieur.



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