Jimi Goodwin – Odludek

À moitié vide ou à moitié plein ? Difficile de saisir ce premier verre solo tendu par un tiers de Doves sans songer aux implications forcément négatives qui lui sont associées pour ce qui concerne l’avenir du plus grand groupe pop britannique de ce siècle (malgré les récents propos du principal intéressé qui affirme que le trio a toujours un avenir et qu’il s’agit bien d’un break et non d’un split). Une ambivalence qui ne résiste pas longtemps à l’écoute de ce qui apparaît peut-être comme le premier très grand disque de 2014. L’un de seuls à s’affranchir avec un incroyable mélange de décontraction et de maîtrise technique de tous les stéréotypes recensés pour renouveler de fond en comble un univers musical qui n’a jamais semblé si personnel. Nulle trace en effet des hymnes pop exaltés dont les ex-Sub Sub avaient le secret. Disparus les ballades et les refrains fédérateurs au profit de compositions moins évidentes, aux structures parfois plus lâches mais absolument passionnantes. Jimi Goodwin affirme avoir conçu ce premier LP comme une gigantesque mixtape hétéroclite où les collisions entre styles et climats musicaux importeraient autant que les propriétés singulières des éléments séparés. Il y a en effet quelque chose de fascinant à observer ces alliances inattendues entre rythmiques électroniques éparpillées et grandes envolées instrumentales au lyrisme troublant, entre le dénuement bouleversant de Hope et Panic Tree (qui rappelle au passage que le Mancunien reste aussi l’un des meilleurs interprètes de sa génération) et les cadences cuivrées (voire kitsch) de Man V Dingo qui finissent par exploser en une déflagration dissonante digne de Tom Waits. À la fois complexe et foisonnant, Odludek possède tous les atouts pour qu’on vienne encore longtemps y étancher les soifs musicales les plus inextinguibles.


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