Arthur Beatrice ne laisse pas de place au hasard. Tout est dans le titre, Working Out, dynamique et répétitif, voilà un groupe de perfectionnistes. Pas étonnant que les quatre Londoniens aient mis deux ans à façonner un LP dont un bon tiers est déjà connu via divers singles et maxis – Charity (2012), Midland (2012) et Carter (2013) – quand on constate à quel point tout ici est soigneusement à sa place. Pensé dans les moindres détails, ce premier effort fait souvent mouche par son attachement à faire de la composition une science exacte, et ce dès l’ouverture Councillor, où les guitares qui surgissent d’une introduction éthérée happent l’auditeur par leur précision implacable. Comme beaucoup d’autres jeunes pousses anglaises (The xx, Alt-J), Arthur Beatrice a aussi pris conscience de l’importance d’un minimalisme calculé. Jonglant entre deux chanteurs aux voix complémentaires (celle d’Ella Girardot étant le pendant féminin du grain lisse d’Orlando Leopard), Arthur Beatrice sait alterner les ambiances, les émotions, et rechercher le climax (le très dansant Midland, le final en apothéose Ornement & Safeguard). Les textes intelligemment écrits ont l’abstraction nécessaire pour interpeller sans pour autant empêcher l’interprétation de l’auditeur (Singles). Produit de façon exemplaire avec sa réverb’ dosée et ses espaces aériens, Working Out n’évite pas l’écueil qu’une telle maîtrise implique : un disque où tout est si pesé que rien ne dépasse, où l’émotion est si distillée qu’elle s’évapore en route. À défaut de toujours toucher au cœur, reste le savoir-faire d’un groupe qui prouve qu’il savait s’adresser au corps autant qu’à l’esprit. Et pour un premier essai, c’est déjà fou.
/Chroniques
4 avril 2014