Déjà dix ans que Sean McBride, plus connu sous l’identité Martial Canterel – l’inventeur fou du roman Locus Solus de Raymond Roussel (1914) –, s’est lancé dans la redécouverte de la synth-wave la plus glaciale des années 80, entraînant dans son sillage une flopée de duos mixtes et mélancoliques connaissant leurs compilations Flexipop, Lost Tapes et Found Tapes sur le bout des doigts (Roladex, Cosmetics, Featureless Ghost, Super Crayon, Essaie Pas, Uncanny Valley, Some Ember…). Avec le constant souci de l’excellence, Xeno And Oaklander, duo formé par McBride et la Franco-Norvégienne Liz Wendelbo, fait partie cette caste exigeante d’artistes qui parvient à faire revivre un art et à le faire évoluer au fil de ses enregistrements. On est donc forcément enthousiaste à l’heure de remettre les synthétiseurs analogiques et les séquenceurs en route.
Par Avion, comme Sets & Lights (2011), contient des mélodies plus fredonnables (si l’on peut dire) que les précédents Vigils (2006) et Sentinelle (2009), mais c’est surtout par sa douceur et sa quiétude que ce quatrième album étonne le plus. La complexité baroque des lignes de séquenceurs et le caractère bien tempéré de la composition des claviers contrastent avec l’émotivité et le lyrisme de la voix de Liz. À l’écoute des gracieuses Lastly, Sheen et Nuage d’Ivoire, les autres apprentis briseurs de glace font figure d’éléphants piétinant dans des magasins de porcelaine. Si quelques moments plus menaçants viennent contraster la lumineuse clarté de Par Avion (Providence, sublime slow de boom que l’on croirait composé et joué par Dark Day), on en est presque certain : plus jamais on ne parlera d’electro gothique pour qualifier la musique du duo de Brooklyn. Xeno & Oaklander sont bien trop délicats pour être affublés de ce genre de poncifs.