Face aux trop nombreuses formations peu inspirées qui planquent la misère sous des pédales de distorsion, A Sunny Day In Glasgow représente une excellente alternative et une bonne raison de ne pas désespérer de l’interminable revival shoegazing. Les Américains partagent avec Kevin Shields la passion maniaque de la mise en son spatiale. Sauf qu’à la différence de l’Irlandais, eux n’oublient pas d’écrire des chansons en cours de route – ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais c’est important. Depuis 2006, la bande fait souffler des tempêtes d’échos tout en jouant avec la polyrythmie, la polyphonie, glissant des étrangetés acidulées façon Stereolab. Ce quatrième LP ne change pas la donne. On se retient de dérouler les métaphores faciles – un son amniotique à écouter en position fœtale, ce genre –, mais il y a de ça.
Alors, on admire ces passionnantes bulles sonores d’où surgit un détail à chaque écoute : un synthé découpé ici, des chœurs là-bas, cette batterie qui semble perdue à des kilomètres avant de nous revenir en pleine poire (flagrant sur Bye Bye Big Ocean (The End)). À cette production fabuleusement psychotique s’ajoutent des mélodies accrocheuses (MTLOV). On songe aux premiers Lush et plus encore à Cocteau Twins, les fanfreluches vocales de Liz Fraser en moins. Bref, tandis que certains n’ont retenu du shoegazing qu’un infranchissable et écrasant mur sonique, A Sunny Day In Glasgow s’applique à bâtir un son en trois (quatre ?) dimensions dans lequel on se perd volontiers. En dépit d’un conclusif et déroutant Golden Waves (les mêmes éléments sonores pour un résultat proche de la pire lavasse FM – de l’ironie ?), ce disque frôle la perfection.