“Retrouver la fraîcheur qu’on avait lorsqu’on a enregistré le premier album de Prohibition.” Voici le mot d’ordre qui, selon Nicolas Laureau (dans une interview accordée au magazine New Noise), a guidé l’enregistrement de Pink Renaissance. Autant il faut se méfier des gamins qui causent de maturité, autant on peut attendre le meilleur quand des musiciens chevronnés se piquent de retomber en enfance (de l’art). C’est d’autant plus évident s’agissant du trio NLF3, qui a su concilier tout au long de sa discographie (déjà leur sixième LP depuis 2000, le troisième avec le batteur Jean-Michel Pires) un goût prononcé pour les aventures syncrétiques et une constante excellence formelle, laminant toute tentative d’additionner les qualificatifs (post-rock, jazz rock, krautpop, dream pop, electronica, exotica, afrobeat – plus on en colle, moins on parvient à saisir les émotions procurées par cette musique).
Le fait que les frères Laureau aient beaucoup voyagé depuis l’enfance est certainement à prendre en compte, mais pas plus que cette dynamique de groupe physique, ludique et intuitive, qui transforme en image évidente ce qui ailleurs ne serait qu’une extravagante mixture internationaliste. Par rapport à son prédécesseur Beautiful Is The Way To The World Beyond (2010), Pink Renaissance s’est donc paré de couleurs plus chatoyantes, sans négliger toutefois une mélancolie désaxée, à commencer par le fascinant Three Dances (déjà paru en EP) et ses claviers “morriconniens”, ou encore Comets, qui n’aurait pas dépareillé chez leurs bons copains de The Berg Sans Nipple. Surtout, on admire l’esprit de réduction à l’œuvre, ce vivifiant retour à la sève (production aérée, mélodies désenchevêtrées) qui ouvre encore leur espace imaginaire. Ce qu’on appelle une toile de maîtres.