Beko est un label que l’on doit chérir avec la même ferveur que nos modèles Sarah Records, Heavenly ou Creation Records. Après avoir agité les méandres du Web 2.0, éditant cent objets sonores digitaux, la structure brestoise publie depuis deux ans des CD 3 pouces, des 45 tours et autres LP. La démarche s’apparente à un sacerdoce par les temps qui courent. D’une référence à l’autre, l’auditeur est projeté aux États-Unis, en Norvège (Love Dance), en Bretagne (Super Crayon) ou aux Philippines (Moscow Olympics). De ce tour du monde émerge une pop ligne claire, bancale et vaporeuse, trait d’union entre New Order et The Field Mice.
Beko construit ainsi patiemment une cathédrale sonore dont la fantaisie évoque les imaginaires de Gaudí ou Marcel Storr. Chaque disque est immédiatement identifiable tout en conservant sa propre identité, soit l’alchimie des grandes maisons de disques. I Do Not Love, un Américain chevelu, esquisse ainsi depuis sa chambre des instantanés pop aussi instables que saisissants. Ces quatre compositions possèdent un charme indescriptible, de celui que l’on éprouve devant une toile de Rothko ou Monet, plongé dans un flou mélancolique. Les guitares carillonnent, les boîtes à rythmes claudiquent. On retient particulièrement Dreams Please Too et I Like You Most, deux moments de grâce qui évoquent autant le lignage historique évoqué plus haut que les contemporains Craft Spells et Motorama.