Erlend Øye – Legao

La tentation est grande de revenir sur la carrière d’Erlend Øye tant on a croisé son chemin depuis le formidable premier LP de Kings Of Convenience, Quiet Is The New Loud (2001). S’il s’est désormais détaché de ses alias, annonçant récemment la séparation de son autre groupe The Whitest Boy Alive, le voici de retour recentré sur sa carrière solo. On se souvient de l’inaugural Unrest (2003), où il s’acoquinait avec un producteur par morceau dans une ville à chaque fois différente. Toujours là où on l’attend le moins, le chanteur binoclard y affirmait alors un goût pour la musique électronique totalement distinct du folk minimal de Kings Of Convenience. L’an dernier, le single chanté en italien La Prima Estate révélait un amour immodéré pour son nouveau lieu d’adoption, Syracuse, en Sicile. Alors que l’on attendait un disque annoncé en italien, Legao est tout l’opposé de cela. À Reykjavik, Erlend Øye s’est remis à la tâche avec un groupe de reggae islandais, Hjálmar.

Surprenant, certes, mais pas complètement, car le Norvégien a prouvé qu’il se souciait depuis toujours d’une quelconque légitimité au moment d’un changement de cap, affirmant sans détour une belle confiance en sa musique. C’est bel et bien un album d’Erlend Øye que l’on écoute ici, et non un disque de reggae, car on y retrouve tout ce qu’on aime chez lui : sa voix veloutée, ses mélodies touchantes, ses paroles où il s’affiche toujours aussi sensible et vulnérable, sa façon de parler d’amour comme s’il en était toujours à sa première rupture. Garota, premier single, garde en lui les stigmates de son style nonchalant, n’affirmant que très légèrement une touche chaloupée. Bad Guy Now est la ballade parfaite qu’on avait envie d’écouter venant de sa part. Uniquement centré sur le duo piano/voix, Who Do You Report To démontre le formidable songwriter qu’il est. Même les réfractaires aux morceaux de reggae blanc-bec de Legao ne pourront que s’incliner devant Erlend Øye, qui remporte une fois encore la mise.


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