Ty Segall – Manipulator

On l’avait déjà annoté dans un coin à propos de son album acoustique de l’an passé (Sleeper, 2013), mais la fixette de Ty Segall sur Marc Bolan prend des proportions, non pas préoccupantes, mais bel et bien savantes. Sous des dehors brusques et enflammés, notre homme commence sérieusement à scintiller au delà du raisonnable, et on le sentirait, si besoin était, presque d’attaque pour rentrer en studio avec Tony Visconti. Sauf qu’au-delà de la finesse et de la variété abordée ici, que les aficionados se sécurisent, on a gardé une superbe paire d’attributs tout ce qu’il y a de plus bruyant (It’s Over, le très Nirvana Susie Thumb, The Crawler). Sur The Clock, l’un des sommets du disque (le meilleur de son auteur), une pluie de cordes vient souligner l’excellence d’une mélodie en cascade avec une élégance rarement rencontrée depuis T.Rex, et l’on ne parle pas uniquement de parenté vocale entre le prince consort du garage californien et l’elfe à paillettes, enchanteur du folk puis du rock anglais dans les seventies.

C’est la même décontraction quasi “stonienne” qui préside sur Green Belly, mais l’autre influence occulte qu’on pourra apposer sur ce Manipulator, double et de très haute volée, c’est The Folk Implosion, pour cette manière raide de fournir un cadre rythmique efficace sur des guitares libres et sauvages – une influence évidente sur The Connection Man, l’épatant single (de l’été) Feel ou encore le quasiment soul Mister Main. Au final, un album époustouflant dont on ne sait toujours pas s’il vient d’un petit malin qui nous manipulerait de plus en plus régulièrement ou d’un vrai génie, successeur tout désigné d’un Kurt Cobain ou d’un Jack White. À l’écoute de ce disque riche, authentique et brillant, on va finir par pencher définitivement pour la seconde option.

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