Moodoïd – Le Monde Möö

Moodoïd est une créature flamboyante née de l’imaginaire fertile de Pablo Padovani. À l’instar du Ziggy Stardust de David Bowie, cet avatar exubérant permet au jeune musicien toutes sortes de folies et excentricités. Son premier EP paru l’an passé fut ainsi un choc pour beaucoup d’entre nous. Trait d’union entre le psychédélisme moderne de Tame Impala, l’art-rock des expérimentés Aquaserge et une certaine tradition free franco-américaine, Moodoïd marquait les esprits au-delà des frontières, le tout en chantant dans la langue de Joachim du Bellay. Le Monde Möö, premier long format du jeune label francophile Entreprise (Juniore, Superets, Blind Digital Citizen, etc.), était ainsi attendu comme le messie à la Coupe du monde. Quel philtre allait concocter le fils du saxophoniste Jean-Marc Padovani ? En dix étreintes et près de cinquante minutes, Moodoïd offre une réponse aussi généreuse que bigarrée.

Le Monde Möö est une plongée vertigineuse dans un univers aux couleurs chatoyantes, mise en forme par le producteur français Nicolas Vernhes (Animal Collective, Deerhunter) et le fidèle ingénieur du son Adrien Pallot (à l’origine de la série Le Podium). La Lune et Les Chemins De Traverse évoquent les paysages entrevus dans Je Suis La Montagne, des contrées psychédéliques et rêveuses, méandres d’une pensée étincelante. Au détour d’une voix, Moodoïd organise une rencontre entre Serge Gainsbourg et l’école de Canterbury (Bleu Est Le Feu). Pino d’Angiò est convoqué dans une nouvelle de James Graham Ballard (Heavy Metal Be Bop 2). Le spectre mystique d’Alejandro Jodorowsky plane au-dessus de cet univers polychrome et utopique (Les Oiseaux). Si Le Monde Möö souffre parfois d’un trop plein d’idées et se disperse en hors piste (Bongo Bongo Club), c’est un disque aventureux et courageux. Moodoïd élabore ainsi un album moderne et intemporel où l’exigence musicale côtoie les aspirations poétiques d’un jeune homme pour qui Les Garçons Veulent De La Magie et Les Filles Font Que Le Temps Est Jouissif.

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