Bristol, c’est loin. C’est loin, en apparence, de la divinité Takami-Musuhi, l’une des forces qui dirigent le monde dans la mythologie japonaise. Rachael Dadd incarne pourtant ce grand saut culturel, cet affrontement harmonique qui dresse le Pulteney Bridge face aux côtes découpées de la baie d’Ise, une des beautés de la côte pacifique japonaise. Les univers se mêlent, se lovent, entre une certaine diaphonie et une cohérence mélodique délicate. Ces fragments, ces compositions décalées sont le produit d’une rencontre amoureuse. Celle qui unit une jeune Anglaise, Rachael, à un homme-orchestre japonais, Ichi.
Ce dernier est un personnage qui utilise un instrument à percussion bien connu des Asiatiques : le xylophone. Mais il se sert également de balles de ping-pong ou d’une trompette fabriquée par ses soins. Bref, une attraction. C’est ce qui est touchant dans We Resonate, cette attraction, ce pouvoir et cette influence d’une pratique de la musique sur une autre. Le folk anglo-américain – Judy Collins, Fairport Convention – se fendille sous les assauts persuasifs de Maher Shalal Hash Baz. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, en Angleterre, on appelait des spectacles qui étaient à la fois burlesques et poétiques une extravagance. Un tel joyeux bordel créatif, Rachael le partage avec des artistes comme Rozi Plain, This Is The Kit ou encore Frànçois & The Atlas Mountains. Voilà une alternative au langage musical consensuel et normatif. Un affront de toute beauté.