Dans La Maman Et La Putain (1973) de Jean Eustache, Jean-Pierre Léaud parle d’un sosie de Belmondo qui commence par imiter pathétiquement son idole mais qui, avec de la persévérance, finit par devenir plus vrai que le vrai. À force de ressemblance, on finit par voler l’âme. C’est un étrange phénomène qui arrive parfois en musique – Gainsbourg espérant récupérer l’esprit de Chopin le temps de Lemon Incest. Il y a aussi des groupes sans génie qui sont beaux à en mourir – The Olivia Tremor Control mimant The Beatles a su créer sa propre carnation, sa propre beauté. The Missing Season nous donne cette même impression.
Leur musique va puiser dans les décombres des années 90, les Rennais en revenant avec les beaux souvenirs de Yo La Tengo, Arab Strap et The Stone Roses. Ce qui ressort de cette attitude, c’est une admirable humilité, la minutie de l’élève qui reprend les travaux du maître. After Hours est un exercice parfaitement réalisé… et donc perturbant. Car troublante est cette manière de nous faire oublier les modèles. En écoutant les titres Ocean Song, Partied Out et Day Is Out, on s’accroche ainsi à l’identité propre sans y mettre une seule référence. Un disque traversé par de vieilles lunes mais qui brille de sa belle lumière.