Sébastien Schuller – Heat Wave

Depuis son lointain exil transatlantique, Sébastien Schuller est désormais installé dans un espace et une temporalité qui lui sont propres. Un havre musical préservé du temps où un premier morceau au titre paradoxal, Silent, vient mettre fin à près de cinq années d’attente (même si le musicien a livré deux ou trois morceaux pour faire patienter) et où, pour aller de l’avant, il faut parfois cheminer à rebrousse-temps. Toujours à la recherche de cette inaccessible perfection musicale où l’évidence de la pop se mêlerait aux formes les plus harmonieuses de la rêverie mélancolique, le Philadelphien d’adoption a choisi d’emprunter des chemins inédits pour tenter d’atteindre ce qui reste son seul horizon. Des voies qui passent ici par un retour teinté de nostalgie sur ses propres souvenirs musicaux adolescents et cet âge d’or où New Order et Depeche Mode dispersaient les fragments des cœurs brisés sur les dancefloors.

Les tonalités orchestrales amples et bucoliques d’Evenfall (2009) laissent ainsi la place à des climats plus synthétiques qui contribuent à faire d’Heat Wave l’œuvre à la fois la plus immédiatement séduisante et la plus résolument contrastée de son auteur. Schuller utilise magistralement ses nouveaux instruments de prédilection pour jouer de la tension entre clarté et obscurité, soufflant tour à tour le brûlant et le glacial, parfois même au sein d’un même morceau. À l’évidence pop et solaire du single Endless Summer, dont les gimmicks de claviers rappellent presque les tubes magistralement façonnés par un autre Sébastien plus barbu, succèdent les méandres rythmiques tortueux d’As We Sleep In A Japanese Garden et les nappes nocturnes de Nightlife. Comme toujours, on sent poindre même dans les quelques moments d’euphorie radieuse et insouciante comme une pointe de ces Regrets si tenaces. Nouvelle étape d’un parcours toujours sans faille, Heat Wave accomplit donc ce joli tour de force consistant à surprendre sans décevoir.



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