Quand on évoque la scène pop de Göteborg et de Suède en général, comme ici et là dans les cas de CEO et Cocoanut Groove récemment, on a l’habitude de voir cités les labels Service, Information, Sincerely Yours ou Labrador en guise de références immuables. Et si, vu de l’intérieur, des artistes reconnus internationalement comme Lykke Li, Peter Bjorn And John voire Robyn restent méprisés par cette élite indie, il semble qu’après la génération ébouriffante menée par The Tough Alliance et The Embassy – qui elle-même succédait à des vedettes comme Håkan Hellström, Broder Daniel ou Bad Cash Quartet –, la source magique se soit tarie ces dernières années, même du côté des esthètes.
C’est en tout cas ce que l’on déduit en lisant ici et là les interviews des jeunes loups récemment sortis du lot national que sont Archipelago et Makthaverskan. Comme par hasard, ces deux groupes au franc-parler sont issus du même label suédois, Luxury Records, fondé en 2006 et réellement très actif depuis 2009.
En se plongeant dans le catalogue incroyablement fourni de cette discrète maison de disques, de la tendre twee pop d’Alpaca Sports à la légèreté baléarique de Boat Club (rééditée récemment par le label US Cascine), de l’électricité éclairée de My Darling You! à celle plus sombre de Makthaverskan, de l’intimité affectée de Xenia Kriisin aux mélodies scandées de Palpitation, on se dit quand même que malgré son éclatement et les différences de points de vue, la scène suédoise reste florissante et regorge toujours d’élèves appliqués et inspirés.
Il y a donc de quoi s’enivrer follement dans les allées encore trop secrètes de l’entreprise scandinave Luxury Records, héritière ou cousine des labels pop modernes que l’on n’en finit plus de chérir (cf. le contenu de notre dossier Captured Tracks dans notre numéro estival). Si on devait piocher deux disques Luxury en particulier, on choisirait d’abord Archipelago Matters du trio Archipelago, paru en mars dernier. Une parfaite collection de saison, gorgée de tubes satinés qui manient le synthétisme avec un toucher de rêve, electropop bleutée qui apprécie flirter avec la piste de danse… et la literie de soie.
En deuxième, on prendrait le disque éponyme de Farväl Till Ungdomen, qui sera d’ailleurs réédité par le label de chez nous Beko au mois de septembre (tout se recoupe !). C’est la musique d’un revenant, Kåre Vernby, qui, après avoir roulé sa bosse dans les années 90 dans diverses formations indie, avait arrêté les frais avant de reprendre du service tout seul en 2012 pour composer et chanter dans sa langue natale douze intenses morceaux qui débordent de ferveur et transpirent la spontanéité, tantôt au travers d’une instrumentation clairsemée et poignante, tantôt dans une orgie de distorsion incandescente. Rarement la langue suédoise nous aura paru aussi mélodieuse.
Jugez donc là-dessous ou en activant les nombreux liens cliquables insérés dans ce laïus. Il y a aussi cette chaîne YouTube pour encore plus (même du twee hip hop swedish).