Le compositeur et producteur rocambolesque disparaît à l’âge de 75 ans

Après des années de lutte contre le cancer, le Dorian Gray Of Rock’n’Roll (sous-titre de la compile de 45 tours Living In The Streets, parue en 1977 et rééditée en 2003 par le label français Microbe), le Lord Of Garbage (intitulé de son autobiographie de 2012, rédigée pendant ses années d’hospitalisation) n’est plus. Kim Fowley s’est éteint à West Hollywod (Californie) ce jeudi 15 janvier, à l’âge de 75 ans.

Né en 1939 de parents acteurs, Kim Fowley a surmonté une enfance tourmentée dans sa Californie natale pour instiller son savoir-faire rock’n’roll, son flair et sa malice dans une incroyable quantité d’enregistrements qu’il serait vain de vouloir lister. De Los Angeles à Londres, des studios rutilants aux coulisses interlopes, Kim côtoya au gré de ses activités de musicien, songwriter, poète, pionnier, catalyseur, manager, producteur, chanteur ou bonimenteur, des gens comme Phil Spector, Slade, Cat Stevens, Frank Zappa, les Seeds, Johnny Winter, Alan Freed, John Lennon, Greg Shaw, The Modern Lovers, Alice Cooper, Kris Kirstofferson, The Byrds, Kiss, BMX Bandits… Son fait d’armes le plus populaire restera d’avoir initié au milieu des seventies l’aventure The Runaways après ses rencontres avec les ados d’alors Joan Jett et Sandy West.

“C’est nécessaire pour un groupe d’avoir du charisme, et c’est nécessaire pour un groupe d’avoir un Kim Fowley dans les parages. Les hommes de l’ombre font autant partie du rock’n’roll que les types qui sont sur scène. Kim Fowley est un mal nécessaire”, résumait… Kim Fowley, en 2012, au moment où, déjà, il se “prépare pour la mort”.

Ses propres albums, où il tentait de cristalliser son instinct avant-gardiste, son goût pour le glam, le psychédélisme, le rock tubesque ou licencieux et les mélodies perfides, influencèrent en sous-main une volée de jeunes artistes un brin déglingués du bulbe pop. Ces derniers mois, un groupe comme Foxygen lui a dédié sa chanson Cold Winter/Freedom quand Ariel Pink invitait son idole malade à coécrire sur un lit d’hôpital deux extraits de son LP acclamé pom pom (2014), prévoyant même à l’origine de concevoir tout le disque avec lui. Le duo electro français Bot’Ox avait convié l’Américain sur son titre Arrogant American Pig il y a deux ans. Comble du n’importe quoi magique et preuve de sa capacité à s’incruster partout, l’inlassable Kim Fowley apparaissait l’année dernière dans le clip Haunted… de la superstar Beyoncé !

“Si tu fumes de la dope, si tu te caresses, si tu aimes conduire, si tu vis ta vie, alors ma musique est là pour t’accompagner. Si tu aimes American Graffiti, Kiss, Nirvana, Alice Cooper, Blue Öyster Cult, si tu aimes boire de la Guinness, alors tu as entendu ma musique”, confiait Kim Fowley à nos confrères de The Drone en 2012, toujours satisfait de pouvoir raconter et/ou amender sa propre légende.

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