Laurent Bardainne, le compositeur en chef de Poni Hoax et de Limousine, a jeté une oreille attentive sur le quatrième album de Joakim, Tropics Of Love, qui paraît la semaine prochaine sur le label Tigersushi.
[photographie Camille Henrot]
01 CHAPTER 1
Laurent Bardainne : J’ai commencé à prendre mes distances avec Joakim lorsque je me suis rendu compte qu’il me copiait sur tout, absolument tout. Je lui ai conseillé de s’installer à New York pour faire le point et il nous revient avec cet album. Je suis donc curieux de savoir s’il a pris un chemin, disons, plus personnel… Écoutons ensemble celui qu’on surnomme encore du côté de Ménilmontant le “Grand singe”. Belle intro rétrofuturiste, le mélange des sons de synthés de diverses époques est très bien fait.
02 BRING YOUR LOVE FEATURING LUKE JENNER
La prochaine bande originale du Roi Lion. C’est bon de découvrir une grande plaine africaine avec le chanteur de The Rapture. J’aime l’utilisation des percussions électroniques dont Joakim est en train de faire sa signature. C’est doux et majestueux.
03 3 LASER FINGERS
Tiens, tiens, je reconnais mon orgue Farfisa, je ne savais plus où il était. Morceau câlin en deux parties, les nappes de la fin sont magnifiques. Joakim est pianiste de formation (plutôt classique, je crois), il en a gardé une patte harmonique et un phrasé tout à fait singuliers (dans le bon sens du terme).
04 HEARTBEATS
Mon morceau préféré. Superbe écriture et production sensible, on retrouve les arpèges fantômes que j’adore et que j’ai beaucoup pompés. On reconnaît bien son grain de voix sur le couplet, c’est beau. L’émotion est au rendez-vous.
05 CHAPTER 2
Instru façon installation électro-acoustique.
06 EACH OTHER
Ah zut, je n’accroche pas. Il y a Akwetey de Dragons Of Zynth visiblement.
07 THIS IS MY LIFE
J’aime les voix du couplet désincarnées comme les cours de langue par correspondance, ça fait toujours un ressenti bizarre. ça monte, c’est très énergique et jouissif, Joakim raconte son histoire année par année. On arrive sur un refrain canon à la Hot Chip. Je n’ai pas saisi la fin des textes, mais je ne pense pas qu’il se plaigne de ce qu’il a fait de sa vie. Magnifique fin en majeur. Une sorte de bilan plutôt optimiste à l’approche de la quarantaine.
08 RX777
Tiens, Nicolas Ker (ndlr. chanteur de Poni Hoax) vient bosser à la maison et me demande pourquoi je retravaille la ligne de piano d’Antibodies quand je passe ce morceau, ah ah… La deuxième montée est terrible, presque du Koudlam dans l’approche ethno naïve (voix et flûte synthétiques). C’est bien foutu, et Joakim développe de longs fils mélodiques comme une sorte de solo, y a du travail. Sinon, je me répète, j’adore sa maîtrise des percussions.
09 CHAPTER 3
La fin de la trilogie contemplative avec drone et solo d’orgue.
10 MAN LIKE MOON
Ce n’est pas moi qui joue du saxophone, c’est quoi ce bordel !??? Ah, c’est Étienne Jaumet, ça passe.
11 ON THE BEACH
La reprise de Neil Young, rythmique sombre et tendue en tapis de la lente mélodie. Un blues electro. Un beau solo d’Étienne Jaumet.
12 HERO
Final mystique, on quitte la planète du Grand singe en paix avec (je pense) un Synthi A et d’autres synthés modulaires très anciens et difficiles à contrôler. C’est bien senti et plutôt sexy.
verdict
Joakim ne m’a pas copié sur TOUS les morceaux, et ça c’est nouveau. Sérieusement, la production est de plus en plus personnelle, passionnante et complexe, le disque s’enrichit à chaque réécoute.