Thomas Arsenault
OÙ ?
Lake Hill (États-Unis)
QUOI ?
“Je ne saurais dire précisément quand est né Mas Ysa”, nous balance le natif de Montréal. “Cet alias regroupe tout ce que je compose seul – même si des amis y contribueront, j’en suis certain.” Le Canadien a vécu à Los Angeles, Brooklyn, Victoria (au Canada), et a multiplié les voyages à Sao Paulo. Le voici désormais fixé à Lake Hill, un hameau à deux pas de Woodstock dans l’état de New York. “Pour gagner ma croûte, je compose de la musique pour des projets plus ou moins commerciaux.” Telle la bande originale d’une création de Rashaun Mitchell, membre de la Merce Cunningham Dance Company. “Mais la plupart du temps, je gratte une guitare, chante un peu et rajoute une boîte à rythmes.” Manière modeste de décrire la genèse de morceaux crève-cœur comme Life Way Up From et ses claviers en suspension, l’ambiance soulful de Shame ou l’ambient lunaire de David Wessels – baptisé ainsi d’après un collègue claviériste présent au générique de The Flood (2009) d’Ablehearts, collectif informel monté par Arsenault au début du siècle.
DERNIÈRE SORTIE
Le maxi Worth paru chez Downtown dévoile l’étendue des goûts et des talents du Montréalais au chant blessé. Du fiévreux Why? jusqu’au minimalisme terminal de Years (synthés en deuil, voix sur le fil), Mas Ysa évoque parfois Antony Hegarty, le pathos en moins. “En fait, je ne voulais pas publier d’EP à proprement parler”, confesse le musicien trentenaire. “Ce terme a un côté petit bras, comme si on s’excusait. Le label m’a expliqué qu’on le nommait ainsi pour une question de durée et de prix. Pour moi, cela représente surtout une petite collection de chansons éparses.”
TUBE ABSOLU
Why?, gigantesque baston mélodique où s’affrontent basses martelées, beats maousses et guitares rageuses. Dans le rôle des casques bleus, les claviers célestes et un chant qui souffle le chaud et le froid. Cet amour du rythme qui fracasse vient sans doute d’une jeunesse passée en rave. “De cette période, je conserve l’amour des gros kicks et des synthés répétitifs. J’essaie juste de les rendre un peu plus bruitistes.” Pas le plus représentatif, le single Why? demeure le plus puissant, telle une rencontre entre l’emphase vocale de Xiu Xiu et la pop électronique musclée d’Echoboy période Giraffe (2003).
FUTUR CONDITIONNEL
“L’objectif pour 2014, c’est l’album. Avec sans doute de chouettes invités.” À quoi s’attendre ? Et qui sont ses invités ? On sait que Cass McCombs a traîné chez lui, et Laurel Halo a bossé une partie de son Quarantine (2012) dans l’appartement du musicien. Mais inutile de se perdre en conjectures, Thomas refuse d’en dire plus, si ce n’est que ce disque “sera sans doute plus cohérent, les morceaux ayant été écrits sur un temps plus court.”