(Turnstile/Caroline/Universal)
En duo comme en solitaire, Christopher Owens a toujours su sacrifier les concessions au bon goût sur l’autel de la sincérité la plus totale. C’est précisément ce mépris salutaire pour les conventions esthétiques trop bien établies qui avait conféré tout leur charme aux compositions confessionnelles de Lysandre (2013), ce premier recueil de souvenirs intimes nés au MIDI-Festival où les flûtiaux les plus horripilants côtoyaient sans vergogne les cadences du reggae sans pour autant que l’on parvienne à poser une oreille critique, emporté par la puissance de conviction bouleversante de l’auteur.
En choisissant d’ancrer cette nouvelle collection dans un décor musical où les clichés de la musique country – les dégoulinades de pedal steel et autres rythmiques pataudes – se superposent souvent à des chorales gospels surchargées, le leader de feu Girls fait à nouveau preuve d’une audace méritoire. Évoquant tour à tour son enfance, sa famille et sa foi, il tente une fois encore de faire surgir l’émotion du contraste entre cette forme apparemment figée et l’honnêteté insoupçonnable des textes et de l’interprétation.
Malgré toute la bienveillance du monde, on ne peut s’empêcher de frôler parfois l’écœurement devant quelques arrangements poussés aux limites du kitsch et de l’excès pompier. Bien heureusement, Christopher Owens parvient sur la longueur à redresser le tir et à signer au passage quelques-unes de ses plus belles compositions – Oh My Love, Overcoming Me. Une poignée de ballades déchirantes qui finissent par faire imploser ce décor de cow-boys d’opérette et basculer ce second LP du meilleur des côtés. Une victoire arrachée sur le fil, mais qui n’en est que plus glorieuse.