En janvier dernier, on avait été surpris par le succès de notre texte sur Kkidss, l’alias d’un Canadien découvert au détour d’un clic heureux sur Bandcamp. La filiation avec Daniel Johnston y était sans doute pour beaucoup, mais le fait est que, une fois passée l’épreuve de l’écoute, les démos de Christopher Edwards tenaient sacrément la route et provoquaient souvent le coup de foudre.
Comme promis, et preuve qu’il a de la suite dans les idées (aussi farfelues soient-elles), il nous présente aujourd’hui Hot Trash, le premier des dix-huit (!) albums qu’il a en tête, toujours sur Bandcamp (il a dans un même élan supprimé les démos initiales qui nous plaisaient tant). Voilà ce que Kkidss nous dit de cette collection de dix-huit chansons :
“Cet album est ce que je fais de mieux dans ma vie. Tout ce que vous entendez sur Hot Trash – le moindre son – provient de cassettes. J’ai utilisé énormément de machines différents, et j’ai fini par tout masteriser sur un Tascam 644 à la plus grande vitesse. Un roman ne suffirait pas à expliquer comment je m’en suis dépatouillé… Ça m’a pris six ans de tests d’enregistrement expérimental. Je l’ai fait comme ça pour que vous puissiez l’écouter foutument fort sans que ça vous fasse mal (dans le mauvais sens). Pas sûr que je puisse le refaire pour le prochain album. Ah, et j’ai beaucoup écouté les disques Isn’t Anything (mon préféré) et Loveless de My Bloody Valentine pendant deux jours. J’ai pu en tirer des leçons juste à temps pour faire quelques ajustements dans le son, histoire que les chansons sonnent de façon homogène.”
Si vous aviez apprécié les démos, vous trouverez forcément votre compte au gré de ces micro-mélodies arrachées, vocalises pleines de morgue ou de tendresse, partis pris sonores hallucinatoires et autres rimes évidentes qui claquent. Il y a aussi des fulgurances sublimes (A.B Blood (Love), I Love You (Silver Blue)…), des chausse-trappes de production de partout, des inspirations flagrantes (du Velvet à Sonic Youth), et cette impression aussi exaltante qu’éprouvante de se trimballer dans les couloirs sans issue d’un cerveau bien attaqué, fêlé, obsessionnel.
Si on peut présumer la pose derrière les effets de manches à guitares et être rebuté par le côté branleur de certains passages, Hot Trash s’avère suffisamment zinzin et parle assez aux tripes pour qu’on se laisse convaincre. La suite est déjà dans les tuyaux, elle s’appelle Candy et les démos sont en place.