Metz – II

(Sub Pop/PIAS)

En vingt-cinq ans, le catalogue Sub Pop s’est radicalement transformé. L’équipée sauvage de groupes hard rock et punk crasseux s’est mutée en institution fort respectée de la pop américaine. Du coup, on s’étonnerait presque de retrouver un groupe comme Metz sur le label historique de Seattle.

Pour autant, à la grande époque du rock bruyant des années 90, l’énergie époustouflante dégagée par cette formation de Toronto ne serait pas passée inaperçue, même au milieu du flux de décibels généré par TAD et autres Beat Happening. L’énergie et l’urgence du premier album éponyme en 2012, qui citait ouvertement les trios noise rock de la décennie 90 (notamment ceux de la célèbre structure Amphetamine Reptile avec Unsane, Hammerhead ou The Jesus Lizard), ne se sont pas essoufflées.

Et lorsque II évoque la pop de Nirvana (The Swimmer), c’est pour en reproduire les salves les plus transgressives. Chaque riff dissonant d’Alex Edkins, chaque grondement de basse de Chris Slorach et chaque tambour maltraité par Hayden Menzies ont contribué à ciseler, polir et parfaire la musique de Metz. Le groupe cogne et hurle comme d’autres apprennent leurs gammes et leurs arpèges. Mais pour façonner un diamant, ne faut-il pas commencer par tailler la montagne à grand coup de dynamite ?

C’est ainsi que ce chaos hystérique génère vite une étonnante beauté, une lumière extatique qu’on aperçoit généralement plus volontiers à l’écoute d’une pop contemplative, ou en tout cas plus retenue, mais qui est présente sur chacun des dix titres. Les Canadiens avaient eux-mêmes semé des indices au cours de leur discographie (on pense à leur reprise de Pig de Sparklehorse), mais c’est désormais acté : sous ses airs enragés, Metz est en réalité une bande d’esthètes en quête de grâce.

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