Swervedriver – I Wasn’t Born To Lose You

(Cherry Red Records/import)

Même à la grande époque du shoegazing et du rock supersonique de Creation Records, la renommée de Swervedriver était plutôt modeste, surtout si on la compare au succès de My Bloody Valentine ou même de Ride.

Leur séparation en 1999 après quatre albums accomplis n’a guère ému qu’une poignée de fans. Durant tout ce temps, leur leader Adam Franklin s’est fait discret mais il n’a jamais totalement disparu. On se souvient l’avoir vu tenir la guitare pour Sophia (le groupe anglo-américain l’embauchait pour les tournées) ainsi qu’aux côtés de Sam Fogarino, batteur d’Interpol avec lequel il fonde l’éphémère Magnetic Morning.

Sans oublier ses disques solo d’indie folk gauche qui courent souvent derrière le spectre d’Elliott Smith. Au fil du temps, il s’électrifie, s’étoffe et s’intensifie jusqu’à invoquer les grands dieux de la noise élégiaque des années 90. Adam Franklin n’aurait pas seulement prémédité un retour de Swervedriver, il a déconstruit sa musique pour mieux la recréer minutieusement.

Pour autant, si I Wasn’t Born To Lose You nous replonge immédiatement dans un univers familier, il est assez différent de Raise (1991) ou Mezcal Head (1993). Certes, on retrouve çà et là les influences américaines bruyantes de Sonic Youth ou Dinosaur Jr (Deep Wound, Lone Star) voire les stigmates d’une ascendance heavy metal 70’s (Red Queen Arms Race).

Mais dans l’ensemble, Swervedriver livre un disque beaucoup moins abrasif et plus nuancé. Parfois même, il lorgne du côté de la dream pop (Setting Sun). Bien entendu, I Wasn’t Born To Lose You est totalement anachronique, et c’est ce qui fait l’essentiel de son charme. Cependant, à l’instar de mbv (2013), il serait injuste de ne voir ici qu’un objet catalyseur de nostalgie lorsqu’on a entre les mains une œuvre aussi captivante.

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