Beach House – Depression Cherry

(Bella Union/PIAS Cooperative)

L’air de rien ou presque, le duo Beach House est devenu un peu plus que ce qu’il aurait dû être. Il est aujourd’hui l’un de ces groupes fédérateurs incarnant, sans doute à son corps défendant, un genre – la dream pop – tout autant qu’une œuvre singulière. Encore aiguisées par un silence quasi complet de trois années, les attentes d’un public désormais trop nombreux pour ne pas être hétérogène ont certainement pesé sur l’élaboration de ce cinquième album. T

rop pour laisser le tandem de Baltimore totalement libre de ses mouvements mais heureusement pas assez pour altérer dans ses fondements une formule au charme fragile et pourtant intact. Autant dire que Depression Cherry se situe dans le prolongement direct des précédents LP signés Legrand/Scally et produits par l’inamovible Chris Coady.

Çà et là, quelques traces de saturations plus marquées (Sparks) et autres motifs synthétiques pourraient apparaître comme des concessions à l’esprit du temps et au récent retour en grâce du shoegazing.

Mais pour l’essentiel, l’équilibre est fort bien maintenu entre un chant toujours aussi évaporé – digne de Liz Fraser – et des arpèges de guitare brisés à la Durutti Column avec leur surlignage de réverb’.

Impeccablement soignées, les compositions accrochent durablement l’attention et rendent irrépressible l’attrait de ces atmosphères à la fois mélancoliques et radieuses. Pour les fans de la toute première heure, l’impression de redite sera sans doute difficile à ignorer.

Mais pour tous ceux qui succombent depuis peu aux charmes de Beach House, Depression Cherry constitue à la fois un résumé dense et synthétique des épisodes précédents et un parfait point d’entrée dans la matrice d’un groupe incontestablement important.

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