(Animal Factory/Born Bad Records/L’Autre Distribution)
Au fil de leur discographie, ils ont électrisé nos tympans. Leurs riffs hystériques nous ont collés aux murs tandis que leurs ballades langoureuses nous ont mis à genoux. Ils nous ont même fait danser. Sur Faraway Land (2012), l’album précédent, J.C. Satàn était parvenu à conjuguer assez justement toute cette énergie fiévreuse avec une certaine idée de la pop. Que pouvions-nous attendre de ce quatrième LP ? Une synthèse de tout cela ? Certainement pas. Les synthèses, c’est bon pour les artistes qui n’ont rien à proposer de neuf, ceux qui se regardent le nombril.
Le groupe italo-bordelais préfère repartir de zéro et se reconstruire au gré de nouvelles chansons sans pour autant changer de cap. Il parvient ici à un résultat éclatant, dans tous les sens du terme. Sans doute trouverez-vous encore un quidam pour vous dire que J.C. Satàn est un groupe de garage, mais il est davantage question d’une pop psychédélique intense et lourde, matinée de punk, de rock 90’s et même de heavy metal.
Si l’album s’ouvre d’une façon détonante avec un hymne au chaos (Satan II), c’est comme pour mieux capter l’attention de l’auditoire. La suite est plus mesurée, parfois élégante. Les mélodies et la voix sensuelle de Paula y sont pour beaucoup, mais les guitares pachydermiques d’Arthur participent aussi à ces moments de grâce (I Could Have Died ou The Greatest Man et sa lente montée noise rock).
Sur Waiting For You, le quintette déploie un groove irrésistible qui évoque Queens Of The Stone Age pour finir dans un flot de violons et de cuivres façon Sgt. Pepper’s (1967). Quant au très lascif Ti Amo Dawero, il nous offre un intermède de variété italienne désuète et à peine altérée. Cette collection de chansons bruyantes et brillantes représente une sorte de rejeton improbable et inespéré de Rated R (2000), le chef-d’œuvre de QOTSA dont il revêt certains des plus beaux atours. C’est aussi l’une des plus brillantes à avoir émergé depuis très longtemps dans l’Hexagone.