Avec Introducing, Karl Blau se présentait à nous l’an dernier en prince de la country haute couture, dans la lignée d’un Glen Campbell. Il remet les pendules à l’heure avec Out Her Space. En ce sens, cet album aurait très bien pu s’intituler Reintroducing, le musicien – qui sort en fait des disques (non distribués en Europe) depuis vingt ans – y faisant montre d’un champ d’expertise dépassant de loin les musiques blanches. En huit titres, Blau trimballe sa voix chaude à la Gene Clark en terres aussi bien mariachi (le très Love Blue As My Name) que dub (Poor et Dub the War Away), afro-jazz (I’ve Got the Sounds (Like You’ve Got the Blues)) ou « kraut-jazz » (Where Ya Goin’ Papa). Sur les superbes Slow Children et Beckon, le chanteur se paye même le luxe d’empiéter sur un terrain considéré comme chasse gardée de Dirty Projectors : une pop sexy comme le R’n’B et savante comme le jazz.
Matthieu Chauveau