La seule musique qui vaut est celle qui refuse les demi-mesures. C’est dans cet état d’esprit que Pierre Evil chronique “Musique ambiante française vol.1”, à paraître vendredi 1er décembre chez Tigersushi.
… Et à la fin c’est l’ambient qui gagne. Ou plutôt, la “musique ambiante”, puisque c’est sous cette appellation que le label Tigersushi a réuni la fine fleur des laborantins modulaires tricolores, tous appliqués à démontrer que, plus de cinquante ans après les premières expérimentations du Dream Syndicate de La Monte young, l’ambient est aujourd’hui la dernière frontière de la transgression musicale. Car quand le rap est partout, le métal aux portes de la Vendée et le punk au musée, quelle musique parvient encore à diviser, sinon l’ambient, avec ses plages démesurément étirées, ses notes qui vrillent les oreilles, ses séquences de synthétiseurs répétées à l’infini ? De Vers Un Nouvel Âge de Romain Turzi aux Poussières Roses de Class of 69, de la néo-musique concrète de Joakim et i:Cube aux nappes sépulcrales de Mondkopf, en passant par les pulsations d’Apollo Noir et de Glass, dont les compositions ahanantes et glacées ont donné à Joakim l’idée de cet album, ce disque imparfait mais passionnant déploie en plus de deux heures la bande originale d’un film mental qui vous emportera – ou vous insupportera. Et c’est tant mieux, car la seule musique qui vaut est celle qui refuse les demi-mesures : Planant is the new Punk.
Pierre Evil