Le quatuor de Detroit Bonny Doon sort enfin en Europe un premier album plein de promesses, loin des clichés sur la Motor city.
Depuis leur EP inaugural de 2014, les quatre musiciens de Bonny Doon ont parcouru un beau chemin. Et même si leur premier album, éponyme et à paraître en Europe le 8 décembre, reprend trois morceaux déjà connus, le quatuor semble en bonne voie pour se forger un style bien à lui.
Les deux guitaristes songwritters, Bill Lennox et Bobby Colomb, le batteur Jake Kmiecik et le bassiste Joshua Brooks – tous les quatre issus de la vivace scène punk de Detroit, notamment au sein des groupes Tyvek, Growwing Pains et PRC – se sont éloignés de l’âpreté lo-fi qui les caractérisait jusqu’à présent. Aujourd’hui, Bonny Doon, en manifestant un intérêt plus marqué pour la production de ses morceaux, s’aventure en des terres côtoyées mais jamais complètement abordées : celles du folk rock.
Au menu, guitares twang, batterie laid back et orgue omniprésent. Le Velvet Underground hante certaines compositions (Summertime friends, You can’t hide) mais le chant, lui, se situe plutôt entre la langueur d’un Kurt Vile et le flegme de Silver Jews. Et le groupe se trouve vraiment quand il ose : comme dans Never been to Califonia et ses accents country ou Crowded, avec ses guitares brumeuses de stoner. La rythmique kraut de Maine Vision et la réminiscence de leur passé punk sur Lost my way pimentent cet album, qui, en leur absence, souffrirait une certaine monotonie.
Mais des onze pistes de l’album se dégage surtout une certaine douceur, aux antipodes de l’imagerie que convoque la ville de Détroit. On est bien loin de la Motor city en faillite, mais plutôt sur une plage californienne, à trinquer avec nos Summertime friends.
Benjamin Pietrapiana