A l’heure où l’artiste délaisse son rôle de bouffon du roi et la dimension de la chose politique dans son écriture musicale, il est plus qu’heureux de voir le meilleur de la scène musicale française reprendre quelques titres du vieil anar qu’était Léo Ferré. Lui qui, quoiqu’on en dise, traverse une forme de purgatoire, au titre d’une rage un peu passée, pour ne pas dire passéiste. Pourtant sans lui, pas de Dominique A ou de Bashung. A leur manière, ils l’ont bien compris, Gontard, Maud Octallin, Forever Pavot et tous les autres, qui reprennent ici à leur compte les mots et les mélodies du patriarche. La force d’une reprise c’est de trouver l’équilibre entre le respect pour l’artiste et l’irrespect pour lui. Effeuiller, malaxer, pervertir l’émotion pour la rendre sienne.
Gregory Bodenes