A eux seuls avec Bästard, Eric Aldéa et Franck Laurino ont été, dans les années 90, les pionniers d’un post-rock noise, à des années-lumière de Bark Psychosis ou Talk Talk. Avec Zëro, ils poursuivent le chemin déjà emprunté d’une musique aventureuse qui doit autant à P.I.L qu’à The For Carnation. Ain’t That Mayhem poursuit dans ce jeu complexe entre Free Jazz à la John Zorn et dérives spatiales. Pour cette voix haut perchée et souvent à la limite de la dissonance, on pensera à Efrim Menuck et A Silver Mt. Zion. Le post-rock n’est jamais aussi incisif que quand il s’affranchit des cloisonnantes règles dogmatiques et stylistiques du genre pour s’égarer dans un esprit libertaire. Ain’t That Mayhem est un disque difficile mais ludique, qui s’amuse avec notre impatience.
Gregory Bodenes