Sorti le 30 mars dernier, Sortie 21 de Sammy Decoster nous ramène sur les pistes sablonneuses d’un désert américain. En Arizona, précisément. La deuxième étape d’un voyage entamé avec Tucumcari, il y a 9 ans déjà.
De quoi Sortie 21 est-il le nom ?
C’est un nom qui fait penser à une sortie d’autoroute, qui évoque le voyage. Mon premier disque date de 2009, mais tout ce temps écoulé n’a pas été une traversée du désert. J’ai beaucoup joué hors des salles, avec mon autre projet Facteurs Chevaux. C’est en cheminant dans les petits villages, les grottes, les refuges et les chapelles de France que j’ai fait mûrir cet album. Après avoir pris ces chemins de traverse, je l’ai finalement enregistré en Arizona. C’était important, car là-bas j’aime l’ambiance : le cagnard dehors, la nourriture de la cantine mexicaine du coin, les montagnes. En tant qu’auteur, j’ai besoin de cette nature environnante pour me poser les bonnes questions.
Quelles étaient les questions derrière Tucumcari, ton premier album qui a aussi une histoire américaine ?
Tucumcari, c’est le nom d’un bled du Nouveau-Mexique. Ce voyage aux Etats-Unis a surtout était l’origine de mon écriture en français. À l’origine, j’écrivais en mauvais anglais. Ça m’a fait réaliser que je ne sais vraiment exprimer ce que je ressens que dans ma langue natale. Dans ma vie, je n’ai pas ressenti de sentiments profonds en anglais… je n’ai pas aimé en anglais… C’est aux États-Unis que je me suis rendu compte de tout ça.
Tout part donc du voyage chez toi ?
Ce n’est peut-être pas tant le voyage que la nature. De ma jeunesse, à la frontière de la Seine-et-Marne et de la Seine-Saint-Denis, je garde des souvenirs de campagne, lorsque je squattais dans les carrières et les champignonnières avec les copains et qu’on faisait griller des poulets et des merguez. Avant Tucumcari, j’ai fait trois ans d’étude de géographie, un domaine que j’avais choisi pour l’évasion. Mais je n’y ai pas forcément trouvé mon compte. Après j’ai envisagé de me lancer dans un truc agricole comme la gestion des forêts ou devenir garde-forestier. Mais l’étude de la nature avec un regard scientifique, ça ne m’a pas plu. Moi, je suis plutôt du genre contemplatif. Quand le premier disque est sorti chez Barclay, que j’allais beaucoup plus à Paris, j’ai eu un besoin de rupture. Donc j’ai joué avec Facteurs Chevaux, mais aussi en solo. Je recherchais ces ambiances que tu retrouves autant dans la campagne française que dans les villages comme Tucumcari… Le soleil, les murs qui ont un parfum, ces bancs dans la rue, les lieux où on a du temps… Moi, je suis comme la vigne, il me faut du temps et du soleil.
Propos recueillis par Benjamin Pietrapiana
Photo : Samuel Lebon