La formation parisienne, En Attendant Ana, se produit ce mercredi 18 juillet lors de la soirée Point Ephémère en Short #5. Lost and Found, leur premier album, est un trésor d’une gracieuse pop garage et l’un des dix coups de cœur du numéro 210 de Magic.
En Attendant Ana, c’est un conte de fées pop. Après avoir longuement travaillé leurs compositions dans une cave montreuilloise et saigné leur setlist en live dans des sous-sols d’Île-de-France durant près de deux ans, la bande de l’Est parisien voit son premier album Lost and Found récompensé par une sortie américaine chez Trouble in Mind. C’est totalement mérité sur le plan artistique : En Attendant Ana est un exemple frais de cette pop française décomplexée et ouverte sur le monde que nous célébrions dans notre numéro 208.
Le quintette sort en 2016 son premier EP en K7 chez Buddy Records : le bien nommé Songs From The Cave ; «cave» signifie «grotte» en anglais, mais ça marche aussi. Bien décidé à sortir de sa caverne platonicienne, il dégaine ensuite sa première gâchette sur la scène de La Ferme Électrique en juillet 2017, avant de tailler les routes européennes en 2018 en allant défendre ses chansons jusqu’à Bruxelles. Entre-temps, une première sortie de l’autre côté de l’Atlantique sous la forme d’une édition vinyle de Songs From The Cave au Canada. Alors qu’ils commencent gentiment à exploser, les cinq musiciens décident de rester fidèles à leurs potes de Buddy Records/Montagne Sacrée, l’alliance garage parisienne qui les soutient depuis leurs débuts confidentiels. Ensemble, ils sortent en avril ce premier long, Lost and Found, auquel le marché américain aura droit lui aussi, grâce au label de Jacco Gardner, Morgan Delt ou Night Beats qui s’est fait une spécialité de dénicher les pépites européennes pour les rendre célèbres.
Ce disque présente le meilleur du meilleur de leurs sons underground écrits ces trois dernières années dans la plus grande confidentialité, à savoir dix chansons bien dosées en énergie juvénile, qui parlent d’amour et de violence (The Violence Inside), de jours et de nuits passés à essayer de ne pas se perdre en chemin alors que sonne le glas de la fin des rêveries adolescentes. En Attendant Ana, ce sont des enfants sortis de l’obscurité qui jouent véritablement la musique des profondeurs, avec en tête la brutalité rock du Velvet Underground, suivie de près par sa descendance qui a appris à jouer dans des garages : Ty Segall et Thee Oh Sees pour le XXIème siècle, The Vaselines et Sonic Youth pour ce son rétro-nineties et ces mélodies pop si joliment posées sur un lit de guitares en fusion. Le Velvet, tout est là : la batterie préhistoriquement répétitive de Mo Tucker ici frappée par Adrien, le fouet électrique de Romain à la guitare et la douce voix de velours de Margaux qui sonne à tout point de vue comme une Nico pop.
60% garage, 40% pop, une recette qui fonctionne parfaitement ici et qui prend toute sa dimension au cours de très belles performances live où la violence instrumentale épouse une troublante douceur vocale et mélodique. En Attendant Ana est un vrai groupe de l’instant magique et du «it’», cette idée inventée par Jack Kerouac pour désigner l’instant total de jouissance pure par le son (Romain est un fan). Il tient désormais 33 minutes gravées dans l’acétate pour l’éternité. Et s’ils chantent « This could be the end » («ça pourrait être la fin») dans This Could Be, on est prêts à parier que l’inverse se produira.
Maxime Jammet