La 20e édition du Festival Les 3 Éléphants aura lieu les 25, 26 et 27 mai 2018 à Laval. Perrine Delteil, programmatrice, nous présente sa playlist composée des 15 coups de coeur du Festival.
MOANING – Artificial
Trio californien, Moaning a sorti cette année chez Sup Pop un premier album absolument addictif, de ceux qu’on écoute 10 fois de suite du début à la fin, ambiance feelgood et summer chill. Egalement choisis pour accompagner Metz sur leur dernière tournée américaine, voici du rock indé de haute volée, ne transigeant ni sur l’urgence dansante du post-punk, façon New Order des débuts, ni sur une certaine coolitude sonique échappée des nineties.
RUSSIAN CIRCLES – Mladek
https://www.youtube.com/watch?v=ONzYMVrhTyk
Chefs de file adoubés d’un pan entier des musiques à (grosses) guitares versant instrumental, leurs apparitions sont assez rares, seulement 3 dates en France cette année. Une occasion à ne pas manquer car le trio de Chicago n’a eu besoin des mots pour laisser sans voix : post-rock, post-metal ou post- apocalyptique, leur musique est avant tout un bloc de maîtrise incompressible, qui cultive le rêve et le headbanging dans un même élan.
VITALIC – Waiting For The Stars
Depuis maintenant une bonne quinzaine d’années, le français Vitalic s’est employé à redéfinir la notion d’électro à la sauce française, imposant sa patte inimitable, énergique et mélodique. Des morceaux qui s’affranchissent des barrières, mélangent techno, disco, rock et pop, Vitalic a le secret des sets electro avec une pure énergie rock n roll !
LOUD – Hell, What A View
Après avoir tué le game du rap québécois pendant 5 ans avec Loud Lary Ajust, le trio montréalais a pris depuis 2016 des tangentes solo à la gâchette tout aussi fine. Parmi eux, la voix de Loud se distingue sur un premier Lp (Une année Record) qui n’est pas là pour niaiser. Sur des punchlines à double sens et du franglais ravageur, il switche d’une langue à l’autre en une fraction de syllabe, dans un flow aussi fluide que celui du Saint-Laurent un jour de crue.
CLAP YOUR HANDS SAY SAY – Upon This Tidal Wave Of Young Blood
En 2006, leur premier album emballait la sphère indie avec douze pépites brutes de pop foutraque, d’une spontanéité éclatante. Non seulement ce baptême de feu figure aujourd’hui comme un classique indé(trônable) des années 2000, mais le groupe new-yorkais a mieux que survécu aux hypes éphémères. Pour preuve, leur cinquième opus (The Tourist), dans lequel le songwriting, plus mâture, et la voix chancelante – reconnaissable entre mille – d’Alec Ounsworth font merveille.
THE LEGENDARY TIGERMAN – Fix Of Rock’nRoll
Le rock’n’roll dans le sang : 20 ans que Paulo Furtado, sorte de cousin portugais de Nick Cave et John Spencer, voue sa vie aux guitares, adepte d’un blues moite et fauve. Il sera en formation complète, 4 sur scène – et non en one-man-band comme c’est souvent le cas, et présentera son 6è album enregistré dans la vallée de la Mort avec Dave Catching, dans son fameux studio en plein désert californien, El Rancho de La Luna.
HMLTD – To The Door
La folie londonienne du moment ! Un groupe sans voyelles s’adonnant au rock de voyous, qui déglingue le dressing de Bowie période Aladdin Sane, fait gober des acides aux Sex pistols et pille dans une tornade les disquaires british à tous les rayons. Sauvagerie post-punk, outrance glam et boucles electro cohabitent joyeusement dans un corps de dandy en cuir rouge, éructations et voix haut perchées dialoguent en mode schyzo, avec le démon du spectacle et le mépris des étiquettes en ADN commun.
ROMEO ELVIS – Bruxelles Arrive
S’il existe un second âge d’or du rap francophone en cette fin de décennie, nos voisins belges peuvent clairement revendiquer quelques lauriers. Une nouvelle vague wallonne sur laquelle Roméo Elvis surfe en maître zen : le flow le plus cool de Bruxelles glisse facile sur les productions downtempo de son acolyte beatmaker Le Motel, entre boom bap à l’ancienne et percées modernes. Son beau timbre grave flirte avec le parlé-chanté, conte l’amour, les meufs et la fumette dans une ambiance totalement chill, porté par une plume libérée et cette autodérision qui renvoie l’ego-trip dans les cordes.
DOMINIQUE A – Vers le Bleu
Après 25 ans d’une carrière exemplaire, constellée de dix albums et d’innombrables joyaux, Dominique A pourrait n’avoir plus rien à prouver. La chanson intimiste caressant la langue française, la pop orchestrée et solaire, les incursions électroniques, les guitares rêches et le minimalisme brut : tous ces sillons sont arpentés en mélomane insatiable, et tous siéent sublimement à sa voix ample et soyeuse.
JULIETTE ARMANET – L’Indien
Un premier album (Petite Amie) qui a tout du classique immédiat. Ballades au piano aux arrangements soyeux, tubes au groove entêtant et claviers funky, rafinement mélodique à tous les étages : Juliette Armanet touche juste à chaque fois et revisite une certaine chanson française des années 70 et 80 pour mieux sublimer la nostalgie. Et sur scène ? Elle est incroyable ! Drôle et pétillante, son interprétation amusée donne à ses textes une double lecture inattendue !
MAESTRO – Harmony
Un des meilleurs groupes français en live et pis c’est tout ! Machine à danser ! Batteur clé de la scène electro parisienne (Joakim, Chloé, Bottox), Mark Kerr a multiplié les featurings de voix avant de lancer Maestro avec frédéric Soulard (Poni Hoax, Limousine, Alice Lewis). Musique indus, early electro et sonorités en tout genre, afro-exotique ou krautrock, sont les influences de leur musique placée sous le signe de la liberté de forme et d’interprétation avec des lives où l’improvisation est omniprésente.
RONE – Parade
Derrière ses lunettes rondes et sa mine lunaire se cache l’un des alchimistes les plus doués de la scène électro hexagonale. Jetant, depuis dix ans, des passerelles entre dentelles electronica, plages ambient alanguies et formats pop, Erwan Castex a bâti son dernier album comme une cité radieuse et futuriste.
FRANCE
Un de mes groupes préférés et peut-être même le meilleur groupe du monde ! Porté par la vielle à roue amplifiée de Yann Gourdon, soutenu par une section basse-batterie redoutable (coucou Can, Neu!) France épuise les notions de temps et d’espace, livre des séances d’envoûtement collectif et rebat les cartes des musiques répétitives amplifiées, drone et krautrock en ligne de mire.
10LEC6 – Quakerz
10LEC6 revient en grande forme avec une nouvelle formation et un album signé sur le label Ed Banger. Certains parlent de « bulu-punk » pour décrire leur musique. Bulu pour cette langue du sud du Cameroun, scandée et chantée par la chanteuse Nicole. Et punk pour ce défoulement libérateur qui concasse rythmes tribaux et béats electro, sous l’influence d’un post-punk qui lorgne vers la dance (Bad Brains, ESG, Gang Of four, les Slits…) mais aussi la disco, la house ou les sonorités électro-déviantes,
LA MVERTE – The Inner Out
Le grand retour de La Mverte aux 3LF se fera au bord de la Piscine Saint Nicolas, possiblement dans l’eau si vous êtes aventureux et savez profiter des bonnes choses ! Après le baptême à succès de live quasi-aquatique lors des derniers 3 éléphants avec Vox Low, le festival renouvelle l’opération : La Mverte et son electro ténébreuse aux synthés zombies posera un implacable groove au bord de l’eau.