Le Français propose, avec Novo Piano Live, une réinterprétation des grands tubes de la pop, comme lui seul y parvient : sur son piano et avec tout son savoir-faire classique.
Qui : Maxence Cyrin est certes un pianiste formé au conservatoire, mais il a vite tourné le dos au pur académisme et au répertoire classique. Sa rencontre avec la musique électronique, les grands raouts dance et les raves des années 1990 en seraient les responsables. Parmi ses six albums, trois revisitent les grands titres des musiques pop, dont son premier album, Modern Rhapsodies (2005), sur F Communications, le label de Laurent Garnier, ainsi que Novo Piano I et Novo Piano II. Il réitère aujourd’hui, à 47 ans, et se montre toujours aussi habile dans l’art délicat de la reprise.
Son actu : Avec Novo Piano Live, sorti le 1er juin sur Enchanté Records, il offre une version live du répertoire déployé sur Novo Piano II, centré sur la guitare : du grunge de Nirvana, à la new wave de Joy Division.
Sa musique : Maxence Cyrin ne se contente pas de transposer au piano les grands morceaux qui ont imprimé les oreilles de ses contemporains : des milliers de youtubeurs s’en chargent très bien. Lui y injecte son érudition classique pour leur apporter une nouvelle dimension. Écouter Maxence Cyrin a deux avantages. Celui du plaisir évident qu’on en retire, mais aussi, et peut-être surtout, de l’étude qu’il nous propose. Car son piano fait office de révélateur : quand un standard pop passe par son filtre, il n’en ressort qu’un concentré chimiquement pur. À la manière des chroniques de Chassol sur France Musique, son piano est autant instrument de plaisir que loupe savante et didactique. Maxence Cyrin, au fil de ses albums, dispense discrètement une petite histoire de la musique. Depuis ses débuts, quand il s’attaquait à la musique dance sur Modern Rhapsodies, il trempait déjà Sueño Latin dans un glaçage inspirée d’une Gymnopédie d’Erik Satie. Le No cars go d’Arcade Fire évoque immédiatement les harmonies du Clair de Lune de Debussy, avant de rappeler les passages les plus déliés du Menuet antique de Ravel. Mais rassurez-vous, pour lui, il n’est pas question de s’offrir un lustre classique bon marché, ou de se payer une casquette de rebelle à bas coût. Juste rendre hommage avec le plus bel instrument qui soit, le piano.
À écouter : Where Is My Mind (Novö Piano Live, 2018)
Benjamin Pietrapiana