Seul artiste à se passer de la traditionnelle guitare et invité sur la plage de La Route du Rock, Marc Mélia a porté la bonne parole d’un futur utopique équipé seulement du Prophet 08, son fidèle synthétiseur.
« Ce qui me motive, c’est l’idée de performance, résume Marc Mélia, samedi 18 août, sur les remparts de Saint-Malo. Que les gens puissent voir et entendre, ce que je suis vraiment en train de jouer.» Voilà de quoi comprendre la petite pépite d’album qu’il a donné au monde en novembre 2017 (Music for Prophet), comme ce brillant concert qui suivit notre conversation.
Ce musicien espagnol exporté à Bruxelles, timide, lucide et sans compromis, a défendu en seulement une heure – peut-être plus que Nils Frahm, encore friand des sons acoustiques de son piano ou de son glockenspiel – le blason des sons de synthèse du futur.
Sans guitare, ni aucun attribu«rock», le claviériste a été accueilli avec curiosité par quelques centaines de festivaliers – et de curieux. Sa performance a, elle, suscité circonspection et fascination. Un peu comme avec Debussy, les secondes de la fin de ses morceaux, tous réinterprétés à l’occasion, étaient celles qui suivent la rencontre d’un sens nouveau.
Car à la manière du compositeur impressionniste, pourvoyeur d’une musique onirique, Marc Mélia, défend lui une certaine idée de la pop de demain, qui illustre à merveille nos rêveries futuristes. Il y a dans son dispositif minimaliste une puissante radicalité. Celle du prophète, rarement compris en son temps. Le public de Marc Mélia a pu le constater hier encore. Histoire de patienter avant la sortie de son prochain EP, Echoes of Prophet, attendu en septembre, chez les Disques du Festival Permanent.
Benjamin Pietrapiana