Mais qu’est-ce qu’on attend pour se faire des bisous ? À Angoulême, dans la cité des festivals, la mythique salle de concerts La Nef propose jusqu’au 10 novembre cinq jours d’amour, de musique et d’impression(s).
C’est une première cette année. la barre de cette programmation, Baptiste Desvilles, 33 ans. «Gamin je trainais beaucoup à la Nef, j’allais à tous les concerts». Dès l’âge de seize ans, Baptiste devient bénévole de l’association Transgreen qui organise des concerts dans l’une des salles les plus vivantes d’Angoulême, le Mars Attack, entre 2005 et 2009 et fait aussi le roadies pour Gatechien, Robot Orchestra et Billy Gaz Station. Biberonné au punk plutôt qu’à la pop, il se souvient de concerts mémorables comme celui de I’m from Barcelona. Il réussit ensuite à se faire embaucher à La Nef pour s’occuper des studios de répétition avant d’accéder au graal : programmateur, et ce sans aucune formation même pas le bac. «BISOU C’est un temps fort, pas un festival. C’est une version 0, sans budget supplémentaire. On va faire cinq concerts de suite mais imaginés et communiqués différemment et sortir de nos murs aussi. On souhaitait mettre en avant les musiques hybrides comme Jeanne Added avec son électro-pop ou encore Biffty, du hip-hop très punk dans sa démarche».
À ses côtés, Hélène Dupuy, vingt-neuf ans. Après des études de lettres et d’histoire de l’art, elle décide de faire un master pro sur l’organisation de manifestations culturelles à Aix-en-Provence. Elle arrive à Angoulême pour un service civique au sein d’un autre festival bien connu dans la région : Musiques Métisses. Dans ce monde de musicos, Hélène culpabilise un peu. «je n’ai aucun sens du rythme, je suis complètement dans le ressenti, le sensible». Mais la passion et les idées sont là. Elle commence à La Nef en 2015 avec pour mission la coordination du feu festival Spiderland, et se retrouve rapidement à la communication. Elle intègre illico presto l’aspect image et graphisme sur chaque concert. Des dessinateurs viennent régulièrement se mettre dans un petit coin et croquer la soirée dans le cadre du Croquis Picture Show. «Ça crée de l’émulation, des artistes se croisent, se rencontrent. L’enrichissement mutuel est énorme.» Sur les cinq jours de BISOU, La Nef accueillera aussi le Fanzinobus de la fanzinothèque de Poitiers qui valorise le fanzine et la micro-édition.
Chaque personne sera invitée à participer à la création d’un fanzine en y inscrivant son souvenir de BISOU. Des expositions de sérigraphies sont également au programme ainsi que des conférences. «Graphisme et musique, ces deux mondes sont hyper poreux et se mélangent parfaitement. Lorsqu’on a un artiste rock, on ne va pas forcément chercher un illustrateur qui a un style similaire. On va chercher la différence comme le manga par exemple. La rencontre est du coup plus explosive, plus intelligente»” nous dit Hélène qui rêverait de voir Warpaint, Vendredi sur Mer ou James Blake dans ce genre de configuration. Outre Jeanne Added, on guettera aussi le même soir la prestation de Léonie Pernet qui était en résidence il y a quelques semaines à La Nef. Carpenter Brut, Bagarre ou encore Maud Geffray sont également au programme. C’est dire comme ce BISOU a bon goût.
Texte : Benoit Crevits
Photo : La Nef