Avec Shades de Vera Sola, The Last Detail de The Last Detail et Black Velvet de Charles Bradley, Magic vous a sélectionné les disques importants qui sortent ce vendredi 9 novembre.
Vera Sola – Shades (Spectraphonic Records)
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La musique de Vera Sola est aussi intemporelle, contrastée, évanescente, élégante que l’univers visuel de l’artiste et sa pochette. Shades se situe très au-dessus de la chasse au bon morceau pour la prochaine playlist : il raconte l’histoire, toujours merveilleuse, d’une artiste qui se révèle au monde avec un chef-d’œuvre absolu. A lire, la chronique coup de coeur de Cédric Rouquette dans notre numéro 212.
The Last Detail – The Last Detail (Elefant / Differ-Ant)
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Aérien et mélancolique, lointain et radieux, mémorable (évidence intemporelle) et tourné vers le futur (joie, optimisme), ce «dernier détail», fruit de la collaboration entre Mehdi Zanad et Erin Moran a tout de l’accord parfait. Simplicité mélodique et complexité orchestrale font de ces treize perles de pop baroque un modèle de juste mesure.
Charles Bradley – Black Velvet (Daptone Records / Dunham Records / Differ-Ant)
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Alliant groove, sensualité et complaintes, Charles Bradley se dévoile sur Black Velvet en confidences autour de l’amour, de la lutte et de la perte. L’artiste mort le 23 septembre 2017 à l’âge de soixante-huit ans était grand et digne. Cet album en témoigne une dernière fois.
J Fernandez – Occasional Din (Joyful Noise Recording)
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Occasional Din renferme de formidables moments de groove introspectif qui font honneur à la domiciliation de son auteur, Chicago. Dans le genre, Volcanic Winter et Rewards comptent parmi les plus belles réussites de l’année avec l’album de The Sea and Cake, voisins de quartier.
Beast – Ens (Thrill Jockey)
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Contemplatives et subtiles, les harmonies de ces sept titres enregistrés pendant les nuits qui ont suivi la naissance du premier enfant de Koen Holtkamp, alias Beast, brillent par leurs nuances. D’un minimalisme classique à des escapades plus rythmées et futuristes, Holtkamp signe un album splendide à la musique dense et cathartique.
Stephen Steinbrink – Utopia Teased (Melodic Records)
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Certains disques de deuil s’offrent avec sécheresse, vidés de leurs larmes, d’autres s’avancent vers nous avec la gueule de bois et les yeux troubles. Composé par Stephen Steinbrink dans les mois qui ont suivi l’incendie meurtrier (36 victimes) survenu en décembre 2016 dans les locaux du collectif artistique Ghost Ship dans sa ville d’Oakland, Utopia Teased appartient à la seconde catégorie.
Jon Spencer – Spencer Sings The Hits! (In the Red)
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Jon Spencer a choisi de rebrousser chemin en solitaire. Échappé provisoirement de son Blues Explosion et de Boss Hog, le taulier de l’underground trash new-yorkais est allé tordre son blues-punk fiévreux sous les coups d’outils préhistoriques.
Emilie Zoé – The Very Start (Hummus Records)
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Alors que, chez les artistes de sa génération, la tendance est plutôt à (ab)user des synthés, la Suissesse Émilie Zoé rappelle avec son second album le large éventail sonore et émotionnel pouvant sortir d’une guitare, comme dans les grandes heures des nineties, décennie d’où semble tout droit sorti The Very Start.
Rami Khalifé – Lost (Nagam)
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Dans son cinquième album, le musicien réaccorde son piano pour éclater, dans une version néopunk, les tonalités de cet instrument séculaire. Rami Khalifé transforme, mélange, réinterprète, pour illustrer la lutte sempiternelle entre l’artiste et ses octaves.
Sara Forslung – Summer is like a Swallow (Kaip)
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La présence de John Wood à la production et au son n’est pas pour rien dans la réussite de ces dix chansons qui ne se diluent jamais dans trop de délicatesse, et qui ressemblent en bien des points à un prolongement féminin des élucubrations mélancoliques de Sufjan Stevens.
Ensemble O – “Elpmas” Moondog revisité (Murailles Music / Ici d’ailleurs / Super Loto Editions)
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Cette relecture atténue l’aspect «boîte à musique» hypnotique des originaux, mais leur apporte nuances et sensibilité, le naturalisme des prises de son leur donnant une nouvelle vitalité, pour un hommage fidèle et bienveillant.
The Beatles – White Album 50th anniversary edition (Apple Records / Universal)
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Les inédits qui accompagnent le nouveau mastering du disque et la version clean des Esher demos redonnent aux Beatles le statut de musiciens ordinaires qui ont besoin de bosser dur et s’ouvrir aux autres pour produire de la beauté. Ils renforcent le statut de l’Album blanc dans la discographie du groupe et dans l’histoire du rock : un inexplicable et savoureux miracle. La critique des deux coffrets à lire dans notre numéro 212.
V/A – Unusual Sounds: The Hidden History of Library Music (Anthology Recording)
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Les seventies ont été une époque vivifiante pour la télévision à petit budget et la production de films de genre. Pour les rythmer, de nombreux producteurs piochaient dans une sélection de Library Music – «musique de catalogue» – libre de droit, faute de moyens. Ces mélodies étaient signées par des anonymes ou pseudonymes, derrière lesquels se cachaient pourtant des oreilles d’une grande finesse. Unusual Sounds redonne leur noblesse à ces compositeurs de l’ombre.