Avec Merrie Land de The Good, The Bad & The Queen, A une Gorge d’Orgue Agnès et Oak Leaf de Raoul Vignal, Magic vous a sélectionné les disques importants qui sortent ce vendredi 16 novembre.
The Good, The Bad & The Queen – Merrie Land (Warner)
••••••
Les dix chansons irréprochables de Merrie Land ont été écrites pour dire au revoir à l’Angleterre, à celle qu’Albarn a vécue, chérie, chantée, décrite au monde entier, la même qui est en train de virer riquiqui dans un Brexit désastreux dans son principe et pathétique dans sa conduite. Solennels et émus, ces messages d’au-revoir sont néanmoins rédigés dans l’attente de lendemains qui chanteront à nouveau. A lire, la chronique coup de coeur de Cédric Rouquette dans notre numéro 212.
Orgue Agnès – A une gorge (Three:Four Records / A1000P / Standard In-fi)
•••••°
Sur A une gorge, Orgue Agnès marie violons abrasifs et glossolalies chamanes, beatboxes rouillées et orgues à sept touches, traversés par l’électricité et l’esprit de transe. En résulte une sorte de funk des Hautes- Pyrénées, ou dub-dancehall incantatoire primitif, faisant grincer les jointures entre traditions et modulaire.
Raoul Vignal – Oak Leaf (Talitres)
•••••°
Oak Leaf dégage un parfum automnal de saison. Mais il contient aussi, dans ses chansons lumineuses, la promesse d’un printemps à venir. Raoul Vignal, dont c’est le deuxième album, est là pour nous accompagner plus longtemps qu’une seule saison. La musique du Lyonnais se pare toujours d’une mélancolie réconfortante, rappelant les belles heures du folk britannique.
Josephine Foster – Faithful Fairy Harmony (Fire Records)
•••••°
Sur Faithful Fairy Harmony, double album, lui-même découpé en quatre parties – Faith and Fate, Destiny and Devotion, Dark Nights and Dazed Illuminations, Blues Laments – la magnifique voix de l’américaine, échevelée, un brin folâtre, fait des merveilles.
Tout Bleu – Tout Bleu (Les Disques Bongo Joe)
••••°°
Le projet de la Suissesse Simone Aubert (découverte avec Hyperculte et massicot) colore ses sonorités électroniques de parasitages expérimentaux et de martèlements secs comme la résurgence d’Einstürzende Neubauten qui s’acoquinerait avec Anne Clark ou la Christa Päffgen de Desertshore.
Jonathan Fitoussi – Diagonals (Hands in the Dark)
••••°°
Enregistré pendant un concert de Jonathan Fitoussi dans la crypte de l’église St-James de Londres, cette longue improvisation électronique explore les possibilités des synthétiseurs modulaires Synthi AKS et Buchla Music Easel. Nappes planantes, bleeps aquatiques, petites percussions synthétiques, le trip est total.
The Limiñanas – I’ve Got Trouble in Mind, Vol. 2: 7” and Rare Stuff 2015/2018 (Because)
••••°°
Les Limiñanas font perdurer de vieilles traditions pour nerds et fans pointilleux accumulateurs d’inédits, de versions alternatives et de lives piratés, en compilant ce deuxième volume de la série I’ve Got Trouble In Mind.
Cannibale – Not Easy to Cook (Born Bad Records)
••••°°
Après l’excellent No Mercy for Love sorti en 2017, les cinq quarantenaires de Cannibale ont trouvé leur rythme de croisière avec Not Easy to Cook, une traversée chaloupée et moite qui fait escale du côté du Nigeria – patrie du grand Fela Kuti – en s’offrant quelques détours entre les Caraïbes et la Polynésie française.
Hen Oggled – Mogic (Domino Records)
••••°°
On ne se souvient pas d’avoir entendu un tel bazar d’idées géniales et d’absurdités foireuses depuis les débuts d’Animal Collective avec la drôle d’impression de ne pas comprendre exactement ce qu’on écoute. Le sentiment de lire une langue d’un autre temps, sans vraiment saisir lequel. Étrange et addictif.
Cathedrale – Facing Death (Howlin Banana Records / Juvenile Delinquent)
••••°°
Retrouver les Toulousains de Cathedrale chez Howlin’ Banana Records, solide label parisien, estampillé garage rock, est tout sauf une surprise. Punk, pop et rock, le style et l’esprit musical de ces quatre garçons se traduit par dix titres à peine énervés, envoyés à la vitesse de l’éclair.
Xavier Plumas – Mayerling (La Lézarde / L’Autre Distribution)
••••°°
Les titres à la belle langueur poétique forment ensemble un espace-temps, une parenthèse à la beauté simple. Mayerling a, l’espace d’un instant, comme arrêté le temps afin qu’on en admire un peu plus toute la beauté qu’il dissimule et le sentiment d’abandon qu’il nous procure.
Robin Foster – PenInsular II – The Bridge (My Dear Recordings)
••••°°
PenInsular II est le deuxième hommage de Robin Foster au Finistère (après PenInsular, 2013), toujours taillé pour les routes côtières de l’ouest. Mais cet album, majoritairement instrumental, est plus éclatant (Terenez l’est tant qu’on croirait un final d’album) et visuel avec les guitares lithiques de Kraozon.
V/A – Brainfeeder X (Brainfeeder)
••••°°
En guise de cadeau pour les dix ans d’existence du label : un double LP de quatorze morceaux du catalogue et de vingt-deux titres plus ou moins inédits. Considérée comme objet collector, ou comme porte d’entrée, la compilation fait mouche.
Françoiz Breut – Label Pop Session (Microcultures)
••••°°
Elle est tout juste sortie de Zoo, son sixième album enregistré quand Françoiz Breut livre, en 2016, cette session à la maison de la Radio pour l’émission Label Pop de Vincent Théval, malheureusement disparue. Difficile de croire que ces chansons ne se sont pas encore confrontées à la scène, tant l’émotion est installée et maîtrisée.