“L’histoire, cet éternel….” : Le Top 2018 par Baptiste Manzinali

TOP DE FIN D’ANNÉE. Les rédacteurs de Magic délivrent tous les jours leur Top 2018, sous la forme d’une liste de dix albums, assortie d’un texte de mise en relief. Episode 12 avec Baptiste Manzinali.

  1. IDLES – Joy As An Act Of Resistance (Partisan)
  2. ALAIN BASHUNG – En Amont (Barclay)
  3. BOB DYLAN – More Blood, Bootleg series Vol.14 (Columbia Records / Legacy)
  4. AQUASERGE – Déjà Vous ? (Crame Discs)
  5. FOXWARREN – Foxwarren (Anti Records)
  6. NICK CAVE – Distant Sky EP (Bad Seeds LDT)
  7. CLARA LUCIANI – Sainte Victoire (Initial)
  8. CUT WORMS – Hollow Ground (Jagjaguwar / [PIAS])
  9. THEO LAWRENCE & THE HEARTS – Homemade Lemonade (BMG)
  10. TY SEGALL – Freedom’s Goblin (Drag City)

Beaucoup d’entre nous ont pris la claque IDLES au beau milieu de cette année 2018, comme un besoin cyclique de se faire secouer pour s’en remettre aux fondamentaux. Joe Talbot, charismatique chanteur du groupe et travailleur social dans la « vraie vie », sait de quoi il parle. Après Brutalism (2017), hymne incandescent et prémonitoire qui doit surtout son nom à un mouvement architectural des années 50, Joy As An Act Of Resistance fait presque figure de mantra qu’on aimerait taguer sur l’Arc de Triomphe. Des punk anglais énervés comme ceux-là, on nous avait déjà fait le coup dans l’Angleterre de Thatcher. Mais l’histoire, cet éternel recommencement….

Pensait-on également que l’année 2018 serait celle de la remise en question des rapports homme/femme? Les amoureux de la cinématographie de Jean Pierre Marielle en ont pris un sacré coup, mais le cri était nécessaire. Et là aussi, comme toujours, la musique pop a eu ses étendards, brandis par des artistes féminines parfois enragées dont la gracieuse et menaçante Clara Luciani (Voir le dossier sur la vague pop féministe dans le Magic n°209). «Prend garde, sous mon sein la grenade

Cette catharsis dans les passions amoureuses est aussi le thème du quatorzième volume des Bootleg Series de Bob Dylan qui nous offre, dans sa version complète, les 85 prises issues des sessions d’enregistrement du chef d’oeuvre Blood On The Tracks (1974) où il dissèque sa relation avec sa muse, Sara, et lui crache son venin autant que son amour. Ce volume des Bootlegs est peut-être destiné aux plus fanatiques d’entre nous, mais il a le mérite de défaire le mythe du génie créateur : on assiste, piste après piste, à l’évolution des chansons avant qu’elles aient été gravées dans le marbre à tout jamais, où à la condamnation d’autres comme Up To Me, jugée peu convaincante par Dylan qui l’a supprimée du track list final. 

Aussi peut-on s’interroger sur la publication d’En Amont, album posthume d’Alain Bashung où figurent onze inédits pour la plupart plus que réjouissantes. On ne s’en plaindra pas. Mais quand on est immortel, certaines choses ne vous appartiennent plus. Pas même votre talent. 

BAPTISTE MANZINALI, journaliste indépendant ayant collaboré avec Gonzaï, Vice Munchies, Greenroom, membre actif de l’association Come on People organisatrice du festival This is Not a Love Song jusqu’en 2017, se consacre aujourd’hui à La Gazette de Nîmes, Rolling Stone Magazine, Little Lions et entame sa collaboration avec Magic.

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