Le festival des Trois Éléphants, à la programmation “éclectique et exigeante”, se déroulera du 23 au 25 mai à Orléans. À cette occasion, la programmatrice Perrine Delteil nous a préparé un petit avant-goût de ce dont vous pourrez délecter vos oreilles.
FLOHIO
Native de la mégapole nigériane Lagos et Londonienne d’adoption, Flohio est un pur produit de la scène rap britannique. Sur des instrus hargneuses nourries de grime, de trap et d’électro, Flohio fait rugir des mots résolument engagés et un flow ravageur, sens du rythme intraitable imprimant une gestuelle de combat.
ZED YUN PAVAROTTI
Du légendaire ténor italien, Zed Yun Pavarotti a conservé le nom et une certaine admiration, prolongeant l’improbable filiation avec cette formule maison d’« opéra autotuné ». Bien loin pourtant du chant lyrique, le rappeur stéphanois n’en est pas moins une voix singulière au sein d’une scène souvent encline à sortir les muscles sans exprimer sa mélancolie intérieure. Amoureux des mots sans renier ses maux, il invente un rap de chambre schyzo, où l’egotrip sait se faire égo triste, où l’obsession du succès invite les émotions à surgir par pensées automatiques sur les productions cloud trap du comparse Osha. Touchés en plein cœur !
JOSMAN
Être originaire d’une ville aussi peu « street cred » que Vierzon n’empêche nullement de jouer les premiers rôles du rap hexagonal. Après trois mixtapes ayant posé de très solides bases, Josman upgrade son art d’un gros niveau avec un premier album (J.O.$) qui replace le Cher sur la carte de France. Les instrus signés Eazy Dew cajolent nos tympans en variant les plaisirs trap ou boom bap.
MALIK DJOUDI
Après avoir œuvré en anglais dans plusieurs formations pop-rock, ce musicien autodidacte s’attaquait l’an dernier, en solo et en français, au délicat exercice de la chanson synthétique avec un premier album (UN) tout à fait soyeux. Bercée en la matière de références pionnières eighties, mais tapissée de textures électroniques actuelles, cette pop ultra élégante impulse aux machines un groove charnel que la voix céleste épouse à merveille.
PENELOPE ISLES
On peut toujours faire confiance au label Bella Union pour dénicher les nouvelles pépites de la scène indé : Beach House, Fleet Foxes ou Midlake… Leur dernière trouvaille nous vient de Brighton et s’inscrit dans une tradition toute britannique de la pop song artisanale, catchy et raffinée, empreinte d’une absolue coolitude. À coups de petites touches fuzz et psyché, de mélodies attrape-coeur et de claviers ingénus, le quatuor confectionne des bonbons pop. On fond déjà pour ces cousins britons de Deerhunter.
THE PSYCHOTIC MONKS
Impossible chez eux de tracer des frontières tangibles entre l’énergie primale du punk, les envolées planantes du garage psychédélique et les basses lourdes et hypnotiques du stoner rock. L’énergie la plus sauvage voisine avec des guitares sous psychotropes, possédées par le fuzz, tandis que le spectre vocal, du murmure au chaos, distend toutes les courbes d’amplitude. Une des partitions électriques les plus sidérantes du moment.
OKTOBER LIEBER
Issues respectivement des scènes post-punk et electro, Charlotte Boisselier et Marion Camy-Palou ont eu cette brillante idée (noire) de fondre leurs ADN sonores dans un labo clandestin éclairé au néon. De ces pratiques occultes émerge le génome d’une musique mutante, version indus à des heures indues, où cold-wave et musique de club deviennent indivisibles. Incantations spectrales, synthés échappés d’un film d’épouvante et pulsations technoïdes terriblement obsédants.
FARAJ SULEIMAN
Faraj Suleiman relie dans un geste virtuose la souplesse rythmique du jazz et les volutes mélodiques de la musique arabe. Creuset d’influences classiques et contemporaines, de sonorités orientales et occidentales, les compositions de Faraj Suleiman déréglent la boussole de nos perceptions musicales. À 35 ans, le prodige palestinien en déjà a passé plus de 30 – il donna son premier concert à 5 ans ! – à parfaire un registre unique, au point d’être reconnu aujourd’hui comme l’un des meilleurs pianistes de sa génération.
PION
De la poignée de chansons délivrées par le trio parisien – tous anciens membres de l’épopée psyché Blind Digital Citizen – semble parfois émaner un air de joyeuse fin du monde. Du moins comme un intrigant et harmonieux chaos, rempart à de sombres perspectives, où s’entrechoqueraient les forces telluriques de mondes ailleurs inconciliables.