Metronomy, Surf Curse, Alex Cameron… ça sort aujourd’hui et Magic aime

Avec Metronomy Forever de Metronomy, Heaven Surrounds You de Surf Curse et Miami Memory d’Alex Cameron, Magic vous a sélectionné les disques importants qui sortent ce vendredi 13 septembre.

METRONOMY
Metronomy Forever (BECAUSE MUSIC)
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Là où les anciens disques des Anglais se démarquaient par une concision redoutable, accrochaient leurs auditeurs grâce à une cohérence stylistique bien définie et impressionnaient par leur production ultra-précise, Metronomy Forever éclate, lui, dans mille directions. Pop, électro, dub, french touch, rock… En un seul endroit, ce disque, Joseph Mount a réuni toutes les musiques qu’il aime, sans se réfréner. Metronomy Forever est le miroir de son chef d’orchestre : une œuvre ravissante et exaltée, multiple et sophistiquée, euphorisante mais mélancolique.

SURF CURSE
Heaven Surrounds You (DANGER COLLECTIVE RECORDS)
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Plus qu’un petit groupe d’indie-rock formé à Las Vegas au début des années 2010, Surf Curse est un phare, aiguillant grâce à ses créations musicales une jeunesse tourmentée dans le difficile passage entre vie d’enfant et vie d’adulte. Ce passage, Nick Rattigan et Jacob Rubeck ont décidé de l’affronter en cristallisant leurs angoisses sous forme de petites perles auditives. Surf Curse signe là son plus riche et brillant album.

EBO TAYLOR
Palaver (BBE MUSIC / TABANSI RECORDS)
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En 1980, Ebo Taylor enregistre au Nigeria avec le producteur Chief Tabansi. Les bandes sont oubliées dans de vieux cartons de la maison de disques Tabansi Records. Et il faudra attendre près de quarante ans pour que ces cinq titres soient exhumés et succinctement remasterisés par The Cavery. De l’inédit de cette envergure, on en redemande tous les jours.

TRUPA TRUPA
Of the Sun (GLITTERBEAT / DIFFER-ANT)
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Même si la lumière et le vent rentrent plus dans les pièces aux rideaux fermés de Trupa Trupa, une torpeur maladive s’impose insidieusement, comme un spleen qui ne se dirait pas. Ne vous faites pas avoir par ces structures mélodiques en mode ligne claire à la manière de Pinback où Grzegorz Kwiatkowski tente de nous faire croire à une légèreté de surface. Dans son genre, Trupa Trupa est très clairement orienté vers le son des années 1990, mais Grzegorz Kwiatkowski et les siens, à coup d’humour grinçant et de collisions stylistiques, posent un univers torturé, certes référencé mais terriblement habité. Entre sourire macabre et subtilité, Trupa Trupa  commet un acte créatif fort qui relève à la fois du régressif et du réfléchi. Ce que l’on pourrait appeler du bruit intelligent.

JENNY HVAL
Practice of Love (SACRED BONES RECORDS)
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L’été dernier, Julia Holter saluait sur Twitter la «magie» de The Long Sleep, le quatre-titres que venait de sortir Jenny Hval. On peut prévoir, sans trop se tromper, une réaction similaire à l’écoute de ce Practice of Love tant les deux JH, l’Américaine et la Norvégienne, nous ravissent disque après disque par leur exploration de paysages à la fois cérébraux et poétiques. Comme dans le récent Aviary de Holter, la nature règne ici en maître, le rite se déploie entre chuchotis, incantation et récitation. Et s’incarne de manière polyphonique grâce aux voix de trois invitées pour autant de continents : l’Australienne Laura Jean, la Française Félicia Atkinson, la Singapourienne Vivian Wang. On appelle cela un disque-monde.

MIKE PATTON AND JEAN-CLAUDE VANNIER
Corpse Flower (IPECAC RECORDINGS)
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Cela fait bien longtemps que Mike Patton voue une admiration-fixette à Serge Gainsbourg, on peut même dire que c’est dans l’ADN du monsieu. L’annonce de ce travail commun avec l’arrangeur et co-compositeur d’Histoire de Melody Nelson (1971) a provoqué quelques excitations dans la blogosphère au moment de son annonce. Ici, aucune volonté de paraphraser les travaux passés du Français, mais plutôt de combiner les obsessions de l’un avec celles de l’autre, la maestria des arrangements de cordes et les lignes de basse immédiatement identifiables de Vannier combinée à une science de la transgression de Patton. Corpse Flower est limpide plus qu’incongru.

ALEX CAMERON
Miami Memory (SECRETLY CANADIAN / [PIAS])
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Alex Cameron a laissé sur Miami Memory une empreinte immédiatement reconnaissable : une écriture au rasoir, truculente et graphique. Elle sert ici de script à un soft rock eighties en costume-cravate, que l’Australien s’applique à détourner. Sans mettre en scène de nouveaux mâles grotesques et paumés (exception faite de Bad for the Boys), mais en zoomant sur le couple qu’il forme avec l’actrice Jemima Kirke. Un bilan sentimental dont les meilleurs moments (End is Nigh, Divorce) ne sont pas forcément les plus apaisés.

FRANCIS LUNG
A Dream Is U (MEMPHIS INDUSTRIES/BERTUS)
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Sept ans après la séparation de WU LYF, le bassiste du groupe de Manchester, Tom McClung, sort son premier album solo sous le nom de Francis Lung et préfère ralentir le tempo, offrant des ballades de toute beauté, aux ornementations soignées qui évoquent tour à tour les Beatles, Elliot Smith et surtout, parmi les contemporains, Andy Shauf. La voix de Francis Lung dégage la même torpeur rêveuse pour parler d’histoires d’amour plus ou moins tordues à travers des mélodies limpides et des arrangements luxuriants (cordes, chœurs, saxo). Loin de l’esprit torturé de WU LYF, Francis Lung affiche un classicisme séduisant, entre poussées euphoriques et langueur mélancolique. Sans rien bouleverser, il n’en est pas moins touchant.

LUKE TEMPLE
Both And (NATIVE CAT RECORDINGS)

Luke Temple, que ce soit avec Here We Go Magic, son alias Art Feynman, ou ici en solo, continue de construire une œuvre pour le moins intrigante, qui touche aussi bien à la marge de la musique expérimentale qu’elle tutoie une pop racée. Autant A Hand Through the Cellar Door (2016) prenait ses distances  avec Here We Go Magic, autant Both And se rapproche des premières productions de Luke Temple en groupe. Même s’il est parfois difficile de le suivre dans son errance, c’est souvent passionnant.

ALASDAIR ROBERTS
The Fiery Margin (DRAG CITY)

Les ballades savantes d’Alasdair Roberts auraient pu être écrites aux siècles passés, au bord d’un Glen écossais, d’une chaumière anglaise ou au fin fond de l’Irlande. C’était effectivement le cas pour certains de ses douze précédents albums solos, dans lesquels il magnifie depuis 2001 un folklore souvent méconnu. Sur The Fiery Margin, ce sont dix nouvelles compositions aux délices surannées, flirtant parfois avec des territoires nouveaux (The Stranger with the Scythe, escapade de l’autre côté de l’Atlantique), aux instrumentations renouvelées (accordéon, saxophone, pedal steel…), qui prennent le relais de l’œuvre «historique» du barde écossais.

THE PARANOYDS
Carnage Bargain (SUICIDE SQUEEZE RECORDS)
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Le premier album des Paranoyds ressemble à un manifeste punk en deux parties. La première s’essaie à reproduire, non sans talent, les grands traits des meilleurs titres punk : un ton irrévérencieux, des riffs énervés, un rythme maîtrisé pour faire hocher les têtes en live. Mais le travail le plus intéressant du groupe de Los Angeles est à découvrir dans la seconde partie de l’album : c’est là qu’on y trouve du relief, avec ses variations industrielles, un clavier ensorcelé, et surtout, des personnages féminins au fort caractère. Un résultat mordant, aussi bien sur la forme que dans le fond, signal d’un jeune groupe prometteur.

LAST TRAIN
The Big Picture (DEAF ROCK / CAROLINE INTERNATIONAL)
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Leur premier album, Weathering (2017) était né entre deux jets-lags dans cette période bordélique. Son successeur, The Big Picture, qui sort après un break de près de deux ans, est plus cérébral mais il est loin d’être tiède. L’insolence, la fureur, le côté tapageur des débuts s’expriment avec plus de prudence, de nostalgie et de variations. Surtout, l’influence d’Oasis, qui frôlait le mimétisme, est complètement digérée. Ouf.

GÉNIAL AU JAPON
Imanust (INOUÏE DISTRIBUTION)

On avait déjà repéré le duo bordelais Génial Au Japon avec In Between, un EP édité en 2018 qui annonçait un album alors en gestation. Émeline Marceau (guitare, machines, chant) et Blandine Peis (chant, synthés) ont choisi de prendre leur temps pour étoffer leurs propos. Bien leur en a pris car même si on retrouvera avec plaisir cette électro-pop qui ravivera parfois quelques souvenirs pour les fans de Peaches, Génial Au Japon ne s’enferme jamais dans une tonalité. Le duo imagine des sons rétros futuristes quelque peu désaxés, comme échappés d’un giallo inexplicablement oriental, en somme de la pop moderne.

DEVENDRA BANHART
Ma (NONESUCH)
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Sur ce dixième album, l’ex néo-hippie mixe à nouveau les esthétiques : pop tropicale sur Abre Las Manos, folk classique sur Memorial, pastiche de T.Rex – un exercice dans lequel il excelle – sur My Boyfriend’s in the Band… Mais c’est quand il continue de se réinventer qu’il séduit pour de bon, nous faisant réaliser un cousinage qui n’avait rien d’évident. Avec sa fausse désinvolture, sa mélancolie chaloupée, Banhart est en fait à placer non loin de Mac DeMarco (l’easy listening captivant – saxophones inclus – de Ami, Love Song et Kantori Ongaku).

TWIN PEAKS
Lookout Low (COMMUNION RECORDS / CAROLINE)
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Déjà dix ans que la bande a donné son premier concert dans une cave de Chicago sous le nom de Twin Peaks. Dix ans, donc, qu’elle est considérée, grâce à ses 4 LP, comme une des formations les plus intéressantes et excitantes de la scène indie-rock américaine. La recette : de bien jolies guitares aux accents garage et un côté très soul grâce à un chant quasi-crooner et à un piano lumineux qui embellit la dizaine de chansons qui composent le disque, qui est peut-être le plus abouti de ses auteurs.

Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :

Pixies – Beneath the Eyrie (INFECTIOUS)

Belle and Sebastian – Days of the Bagnold Summer (MATADOR)

Hildebrandt – ÎLeL

Manu Delago – Circadian (ONE LITTLE INDIAN)

White Velvet – Adulthood (MELMAX MUSIC)

Kazu – Adult Baby (ADULT BABY RECORDS)

Gruff Rhys – Pang! (ROUGH TRADE)

Joseph – Good Luck Kid (PIAS)

Dani Shivers – Half Ghost (CRANES RECORDS)

Long Beard – Means To Me

Sequoyah Murray – Before You Begin (THRIL JOCKEY)

Dan Friel – Fanfare (THRIL JOCKEY)

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