Avec Panorama de Vincent Delerm, Everything Not Saved Will Be Lost Part 2 de Foals, Juice B Crypts de Battles et Somebody’s Knocking de Mark Lanegan Band, Magic vous a sélectionné les disques importants de ce vendredi 18 octobre.
VINCENT DELERM – Panorama
(TÔT OU TARD)
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Sur Panorama, son septième album, Delerm poursuit l’évolution entamée avec Les Amants parallèles (2013) diversifiant toujours plus ses arrangements (ou plutôt ceux des autres – chaque titre de cet opus ayant été réalisé par un musicien invité parmi lesquels Keren Ann, Peter von Poehl, Rufus Wainwright ou encore Voyou). Il confirme surtout son statut de parolier hors pair et d’extraordinaire photographe de nos émotions.
BATTLES – Juice B Crypts
(WARP RECORDS)
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Face à la réduction des effectifs, Ian Williams et John Stanier, les deux membres restants, ont répondu par une proposition intellectuelle plus poussée. On les savait adeptes des polyrythmies ahurissantes et des enjambements de patterns. Les voilà qui dézooment et ajustent leurs réflexions à l’échelle du disque. Leur puissant cocktail d’électronique progressive, de sprints kraut, de guitares matheuses, riffs bouclés et autres synthés arpégiés est un festin. Une débauche sonore jouissive.
FLOATING POINTS – Crush
(NINJA TUNES)
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Le deuxième album en cinq ans du compositeur de musique électronique Sam Sheperd, alias Floating Points, est un recueil élégiaque de méditations synthétiques. C’est partout un régal d’entendre ces oscillateurs analogiques ronfler, cliqueter, papillonner. Après un premier album qui brassait large, mais surtout auprès du jazz, le voilà de retour aux influences plus dance de ses débuts sur EPs. Pour notre plus grand bonheur.
MARK LANEGAN BAND – Somebody’s Knocking
(HEAVENLY RECORDINGS)
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Plus ouvert que ses dernières livraisons, Mark Lanegan distille de sa voix rauque une mélancolie sourde. Piochant aussi bien dans le rock psychédélique que dans la cold wave, Somebody’s Knocking surprendra l’auditeur habitué au travail de l’Américain avec Penthouse High ou Playing Nero, véritables déclarations d’amour assumées et revendiquées aux disques de New Order et Depeche Mode. Un disque délicieusement rétrograde.
PATRICK WATSON – Wave
DOMINO RECORDS
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À l’écoute de ce sixième album du Canadien, on se retrouve en terres connues, certes survolées de nuages un peu plus noirs qu’à l’accoutumée. Et on ne s’en désolera pas tant ce disque s’impose comme une splendide cuvée avec ses mélodies enchantées sur lesquelles plane parfois le regret de ne les avoir pas chantées plus tôt (« You are the sweetest melody I never sung ») et ses impeccables crescendos à la profondeur de champ cinématographique.
MIËT – Stumbling, Climbing, Nesting
(ICI D’AILLEURS)
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Suzy Le Void, alias Miët, croisée sur scène aux côtés de Jeanne Added ou d’Olivier Mellano dans Mellanoisescape, signe ici son premier disque solo. Concassant le son, Stumbling, Climbing, Nesting réanime la Kazu Makino encore fiévreuse des premiers Blonde Redhead, la martialité sèche de la no wave des Swans ou l’innocence salie de la PJ Harvey de Dry. Un disque sans lumière et inconfortable mais vibrant.
OISEAUX-TEMPÊTE – From Somewhere Invisible
(SUB ROSA)
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Plus radical qu’avant et plus beau encore, plus intrinsèquement ancien et innovant, sans trahir ses accointances et convictions d’une internationale noise idéale, le pari des parisiens Frédéric D. Oberland et Stéphane Pigneul sur ce quatrième album studio de Oiseaux-Tempête est remporté au haut la main.
VON PARIAHS – Radiodurans
(VON PARIAHS / MUS’AZIK)
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Il aura fallu trois ans, après Genuine Feelings, pour que le sextet néopunk nantais réécrive un nouveau chapitre de leur histoire. Au mitan du shoegaze, du grunge et de la pop-apocalyptique, cet album ce Von Pariahs est un dédale de puissance et subtilités. A écouter, très fort.
HOORSEES – Major League Of Pain
(B&FF/CRÊME BRULÉE/IN SILICO RECORDS)
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Quatuor parisien, reliquat de Dr Chan, qui érige en dieu Bryan’s Magic Tears, Hoorsees dévoile Major League Of Pain : un substrat de mal-être prenant la forme d’une bedroom pop lo-fi flirtant avec le rock adolescent des 90’s. Maladroit, brut, assez insaisissable, mais grand.
FOALS – Everything Not Saved Will Be Lost Part 2
(MEXICAN SUMMER / MODULOR)
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Comme en mars dernier, le groupe évite la facilité et présente des morceaux aux guitares beaucoup heavy (Wash Off, Black Bull, Like Lightning), qui accrochent l’oreille dès le premiers accords. Avec quelques moments de grâce (Into the Surf, Neptune), ce second acte montre les qualités d’une formation qui maîtrise parfaitement son style.
ACID ARAB – Jdid
(CRAMMED DISC)
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Avec ce second chapitre tout neuf, Guido Minisky et Hervé Carvalho continuent leur exploration des rives de la Méditerranée. L’idée, encore : lover les sonorités venant du nord, du sud et de l’est, avec le rythme des dancefloor. Un disque ultra-peaufiné, très bien produit, qui donne envie de danser jusqu’au lever du soleil. Ou son coucher.
YĪN YĪN – The Rabbit That Hunts Tigers-
LES DISQUES BONGO JOE
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Ces musiciens originaires de Maastricht, qui ont commencé en explorant la musique de l’Asie du Sud-Est des années 60 et 70, proposent aujourd’hui une expérience psychédélique, célébrant un mélange de musique thaï, disco, funk et électro. Leur premier disque n’est pas à mettre trop rapidement dans une compilation « songs of summer » mais plutôt à ranger entre Gabor Szabo et Giorgio Moroder.
ISAN – Lamenting Machine
(MORR MUSIC)
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Lamenting Machine est un superbe recueil de sobres poèmes paysagistes. Les belles séquences d’ISAN entretiennent de lointains liens de parenté avec l’indietronica de múm (Calliscope), la musique électronique progressive berlinoise des années 1970 (Ichthyosau, Strix Aluco) et l’ambient de Brian Eno (Ephemeroptera). Rien de neuf sous la synthèse, et pourtant… ces lentes explorations intérieures ont un goût de premières fois.
CORRIDOR – Domino
(SUB POP)
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Sans offrir de surprises, Domino, le nouvel album de Corridor, dissipe nos doutes : les guitares bavardent toujours mais pour dire des choses intéressantes et le tranchant des mélodies s’étourdit régulièrement dans des jams vaporeuses. Le disque se conclut sur deux titres en forme d’onomatopées, Pow et Bang (il ne manque plus que Biff), ce qui résume bien les qualités du groupe : des bagarreurs qui savent dessiner une ligne claire.
Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :
Hannah Williams & The Affirmations – 50 Foot Woman (Record Kicks)
Clipping – There Existed An Addiction To Blood (Sub Pop)
Sufjan Stevens & Timo Andres – The Decalogue (Asthmatic Kitty Records / Differ-ant)
Caroline Polachek – Pang (The Orchard)
Tawiah – Starts Again (First World)
Joesef – Play Me Something Nice (Bold Cut / AWAL Recordings Ltd)
Russ Waterhouse – 1 Minute 2 Midnight (Drag City)
Holeg Spies – Axis Mundi (Cinetiks Music)
Ali Barter – Hello, I’m Doing My Best (Girly Bits /Inertia Music)
SBRBS – Lust & Gold EP (Sbrbs)
Sarah Amsellem – Miracles (Autoproduit/Kuroneko Media)
Lion Says – Other Side Effects (Monstre Sonore / [PIAS])
HXXS – Year of the Witch (Captured Tracks)
Pleasure Centre – Kraak & Smaak (Boogie Angst)
Yeah But No – Demons (Sinnbus)
Lysistrata – Breathe In/Out (Vicious circle)