Charlène Darling, Neil Young et Swans… : ça sort aujourd'hui et Magic aime

Avec Saint-Guidon de Charlène Darling, Colorado de Neil Young & Crazy Horse et Leaving Meaning de Swans, Magic vous a sélectionné les disques importants de ce vendredi 25 octobre.

CHARLÈNE DARLING – Saint-Guidon
(L’AMOUR AUX MILLE PARFUMS)
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Charlène Darling, déjà aguerrie par ses nombreux projets (avec les groupes Pussy Patrol, Rose Mercie ou la Ligne Claire, ou ses collaborations avec élg, Tg Gondard, Oso El Roto), dévoile un «album de pop française de jeune fille en fleur». Elle se révèle comme une grande auteure-compositrice, dans la lignée des têtes chercheuses Angel Olsen, Rozi Plain ou Cate le Bon ; et Saint-Guidon, un album dont on ne peut que tomber amoureux.

NEIL YOUNG & CRAZY HORSE – Colorado
(REPRISE RECORDS)
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Colorado signe les retrouvailles de Neil Young et de son vieux cheval fou : c’est leur premier album ensemble depuis Psychedelic Pills (2012). Les chansons de ce disque puisent à trois sources : celle d’une country folk dans la lignée de Harvest Moon (1992), celle ensuite d’un rock aux guitares orageuses comme proposé dans Ragged Glory (1990) et, enfin, celle d’une musique visitée par les fantômes, apparus au détour de Sleeps With Angels (1994). Neil Young & Crazy Horse sont revenus et il faut les écouter.

SWANS Leaving Meaning
(MUTE / PIAS)
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Depuis qu’il a relancé les Swans, Gira n’a de cesse de déstructurer ses compositions. Cette fois-ci accompagné entre autres de Anna et Maria von Hausswolff, Ben Frost et The Necks, on ne se laissera pas tromper par le calme apparent de Leaving Meaning, il se pose à nouveau en prêcheur malade, éructant les mêmes obsessions que le Nick Cave de The Carny.

SEAN O’HAGAN Radum Calls
(DRAG CITY)
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Par-delà l’élégance et la folie douce de Radum Calls, son second disque solo, on comprendra enfin que Sean O’Hagan s’affirme comme un artiste qui perpétue une tradition toute britannique de bucolisme sensuel. Elle court de Vaughan Williams, Benjamin Britten jusqu’à Noel Coward. Avec Cathal Coughlan ici, son complice de Microdisney, ils dessinent à eux deux les contours d’une avant-garde pop, à la fois totalement ancrée dans la tradition et sans amarre stable.

FUN FUN FUNERAL – Everything Is Ok
(ARAKI RECORDS / OCTOBER TONE RECORDS)
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La nouvelle pépite des Lyonnais Clément Sbaffe et Dean Spacer, Everything Is Ok est un album stupéfiant. Guitares plus ou moins acoustiques, percussions plus ou moins traditionnelles et synthétiseurs sonnant plus ou moins comme des jouets pour enfant façonnent une freak-folk pop hallucinée aux voix envoûtées qui semblent elles-même danser au clair de lune. Nous vous proposions une avant-première de ce beau disque.

CHRISTINE OTT & TORSTEN BÖTTCHER – Nanook of the North
(GIZEH RECORDS)
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Nanook of the North se partage entre des titres tantôt composés par la pianiste, tantôt par le joueur de hang drum et développent une musique «au naturel» à la hauteur de ce film des grands espaces. C’est un album magnifique dont il convient de conseiller l’acquisition en édition physique : l’objet disque en propose un précieux écrin.

THEO LAWRENCE Sauce piquante
(BMG)
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Les Hearts ne sont plus là. Mais la voix et le style old school de Theo Lawrence n’ont pas faibli. Sur ce second album, en solo, le Franco-Canadien fait une nouvelle fois la part belle à l’Amérique des grands espaces. Un splendide coup de chapeau. Là encore, à la sauce piquante américaine très sixties.

BILL PRITCHARD – Three Months, Three Weeks and Two Days (30ème anniversaire ) 
(PIAS)
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Il fallait bien cette réédition remasterisée et augmentée de 9 titres bonus pour rendre justice à un disque devenu un classique et une pierre angulaire de la pop européenne au fil des années. Three Months, Three Weeks and Two Days  reste encore aujourd’hui d’une belle pertinence et d’une actualité prégnante tant dans sa production que dans les thèmes abordés. Prenez la charge contre Kenneth Baker, l’ancien président du parti conservateur anglais, cette crainte de la montée des extrêmes peut largement être conjuguée au présent.

SIMON JOYNER Pocket Moon
(B*ISLAND)
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Pocket Moon est à la fois une collection de chansons fragiles et charpentées, désuètes et intemporelles comme un Phil Ochs ou un Townes Van Zandt savaient en écrire. Piochant dans un folklore imaginaire sur Tongue of a Child à la manière de Dirty Three ou s’évaporant dans la rupture le temps de Blue Lullaby, Simon Joyner esquisse une géographie du détail, de l’infiniment petit. Chanceux sera celui qui découvrira l’univers si humain de Simon Joyner avec Pocket Moon.

V/A –  Soca-dub And Electronic Calypso 1978-98
(SOUNDWAY RECORDS / I SEE COLORS)
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Enfin un volume conséquent sur l’évolution de la soca à travers les mouvements disco, boogie, dub et house ! Sélectionné minutieusement par Miles Cleret, fondateur du label Soundway, Body Beat nous démontre que ce genre musical caribéen originaire de Trinidad-et-Tobago ne se cantonne plus à celui popularisé au début des seventies. Dix-sept morceaux aujourd’hui essentiels.

FRUSTRATION – So Cold Streams
(BORN BAD RECORDS)
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On frissonne à chaque sortie Born Bad. Plus encore quand c’est le nom de Frustration qui y est accolé. Ces vétérans de l’écurie parisienne reviennent aujourd’hui pour un cinquième album toujours au croisement du punk et de la cold wave. On croise aujourd’hui Jason Williamson, chanteur de Sleaford Mods – le featuring le plus naturel du monde ?-, on évolue toujours dans l’ombre de The Fall, le propos est toujours mordant et pertinent. Que demander d’autres ?

FABIO VISCOGLIOSI Rococo
(OBJET DISQUE)
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Le voici, enfin, de retour à la chanson avec son troisième album, intitulé Rococo – le premier depuis 2007 – en attendant un quatrième, Notte, prévu pour 2020. Majoritairement écrit dans la langue de Molière, la pop précieuse et désarmante du compositeur présente une écriture variée, classieuse et chic. Pourtant les meilleurs titres sont assurément ceux chantés… en italien (Jasmin, Gatto Di Luna et surtout l’exquis Dicembre) grâce à une poésie et à un charme éloquents. En écoute sur notre site.

MICHAEL A. MULLER – Lower River
(BEACON SOUND)

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Pour sa première échappée solo, le leader des Texans de Balmorhea a construit son disque comme le photographe singulier qu’il est également dans la vie privée : un cadre minimaliste et une idée forte par morceau. Précisément : huit instrumentaux en formes de boucles sur lesquelles se greffent des variations lentes et de belles répétitions électroniques vaporeuses.

KREIDLER – Flood
(BUREAU B / BIG WAX)
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Actif depuis 1994, le quatuor de Dusseldörf revient en cette fin d’année avec un nouvel album, Flood. Et comme toujours avec Kreidler, le minimalisme de leurs compositions offre un maximum de sonorités entre pop, musique classique, krautrock et electro. Les mélodies froides, rythmiques mécaniques et élans impressionnants des cinq mouvements de la symphonie Flood ont de quoi vous émerveiller.

LARRY GUS Subservient
(DFA RECORDS)
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Sur Subservient, Larry Gus met son savoir-faire de bidouilleur perché au profit de chansons toujours arty mais aujourd’hui plus funky et influencées par des rythmes traditionnels du nord de la Grèce. Moins ambitieux que les excellents Years Not Living (2013) et I Need New Eyes (2015), ce disque n’en reste pas moins une véritable œuvre d’auteur.

THE SHIVAS – Dark thoughts
(TENDER LOVING EMPIRE)
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Dark Thoughts, le sixième album clair obscur des Shivas, explore les diversités soniques du rock lo-fi. Passé deux titres d’introduction tubesques (Gloria, Turn Me On), place à l’ingénuité, avec des clins d’œil subtils aux early Beatles (Playing on the Radio, Sometimes II), à the Mamas and the Papas (Over & Over, Can You Feel It Too?) et de tendres interludes (If You See Me, IDC Lucky #13). Une belle luminosité contrastée par le panache de distorsions.

CENTREDUMONDE Tigre, avec états d’âme
(L’ÉGLISE DE LA PETITE FOLIE)
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Le Brestois Joseph Bertrand, qui se cache derrière son alter ego autocentré, balance ses horreurs du quotidien de sa voix atone. Ses paroles crues et sans filtre viennent gratter là où cela fait mal et où l’on cache. Fils de Daniel Darc, cousin de Christophe Miossec, en amical influence du Dominique A de La Musique/La Matière(2009), Joseph Bertrand dresse des autoportraits qui nous ressemblent étrangement.

THE LEAF LIBRARY The World Is a Bell
(WIAIWYA)
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S’appuyant sur une savante construction qui a l’élégance de laisser s’installer les climats, The Leaf Library hésite tout au long de cet audacieux The World Is a Bell entre folk désaccordé, drones et matières électroniques. Comme une possible alliance entre les ouvrages de The Unthanks et les élucubrations des Japonais de Maher Shalal Hash Baz.

DODI EL SHERBINI Fictions
(ONTOPHANIES / KIDDERMINSTER)
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Dodi El Sherbini, sous ses airs mélo, s’amuse. Il s’amuse avec l’amour dans des mélopées lyriques, pimpées à l’Auto-Tune et l’électro-futuriste. Les mots sont simples, les formules magiques («Je me suis fait hue à dada»). Ancien étudiant en philo antique et styliste, le Corrézien installé à Reims habille la pop ou plutôt la travestit avec l’aisance d’un beau bizarre. Une réussite.

MIKAL CRONIN Seeker
(MERGE / DIFFER-ANT)
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Avec le bien nommé Seeker, l’Américain livre tout d’abord un début d’album fantastique – en gros les cinq premiers titres – où sa power pop se drape d’une noirceur mélodieuse, appuyé par quelques cuivres bien sentis et des six cordes finement saturées. La deuxième partie du disque est un peu en deçà, mais ne gâche pas la renaissance d’un artiste qui brille ici de mille feux.

SUNN O))) Pyroclasts
(SOUTHERN LORD)
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Sculptant toujours plus la saturation, Stephen O’Malley et Greg Anderson sont encore une fois accompagnés de la violoncelliste islandaise Hildur Guðnadóttir. Comme toujours chez Sunn O))), l’instant se prête à l’expérience et au paradoxe, des notes poussées jusqu’à leur agonie, de l’ennui distillé se dégagent inexorablement une forme de torpeur étrange, inconfortable et doucereuse.

SOMEHOW Low Tide
(TOOLONG RECORDS)
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Somehow relève l’épreuve du deuxième disque en faisant la démonstration qu’il incarne le classicisme indie folk à la française. Un retour gagnant pour son leader, Erwan Pépiot. Une guitare acoustique jouée rock et tout paraît plus fluide sur ce LP ; exit l’exubérance de l’accordéon et des cordes, place aux lignes de basse plus cold wave. Neuf titres intenses et vibrants composent Low Tide, un album qui évoque le sentiment d’une mélancolie à qui on botterait le cul.

SONGHOY BLUESMeet Me In The City
(TRANGRESSIVE RECORDS / PIAS)
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Le trio malien Songhoy Blues est de retour avec un EP surpuissant. Ici, Time to Go Home est une déferlante de rock songhaï et de blues du désert avec deux mix : l’un, plus vaporeux, est proposé par Blake Mills quand l’autre, d’une électrification au sommet, est imaginé par David Ferguson. L’occasion aussi de redécouvrir Fela Kuti & The Africa 70 avec la reprise Shakara, porté en featuring par le fils du maestro, Femi Kuti, et son furieux saxophone. Splendide. En tous points d’écoute. 

ARIEL PINK ARCHIVES – Underground, Loverboy et Odditties Sodomies Vol. 2
(MEXICAN SUMMER)
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Le label Mexican Summer dévoile Underground / Loverboy / Odditties Vol.2, une collection de rééditions et d’enregistrements inédits réalisés entre 1998 et 2003 par Ariel Pink, lorsqu’il était dans sa vingtaine et encore étudiant au California Institute of the Arts. Des chansons primitives, concoctées de bric et de broc sur des instruments désaccordés, mais à la patte déjà parfaitement identifiable et un panorama de l’évolution du musicien, vers la maîtrise de l’imperfection comme motto.

THE KINKS – King Arthur (50ème anniversaire)
(SANCTUARY RECORDS GROUP Ltd)

Il n’y a pas que les Beatles dans la vie. Il y a les Kinks aussi. Si cette année on a largement célébré les cinquante ans d’Abbey Road, les Kinks aussi mérite un joyeux anniversaire. Le 10 octobre 1969 paraissait le septième et excellent Arthur or the Decline and Fall of the British Empire, qui mérite aussi qu’on s’y replonge passionnément. Avec ses bandes démos, ses chutes, ses remixes, ses lives à la BBC et un “lost album” de Dave Davie, cette copieuse réédition a de quoi vous y inviter !

Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :

Editors – Black Gold ([PIAS])
Hannah Williams & The Affirmations – 50 Foot Woman (Record Kicks)
Jawhar – Winrah Marah (62TV Records)
Teebs – Anicca (Brainfeeder)
Happy Mondays – Early EP’s (London Records / Because)
Anna Meredith – Fibs (Moshi Moshi Music)
Tempers – Private Life (Dais Records / Differ-ant)
Debate Club – Phosphorescent (Michel Records)
Da Silva – Au Revoir Chagrin (A(T)Home/Sony)
Slim & The Beast – Slim & The Beast EP (Autoproduction)
Bantou Mentale – Bantou Mentale (Glitterbeat / Differ-ant)
Minimal Compact – Creation is Perfect (Minimal Compact / Differ-ant)
El Ayacha – Either / So Slow (Autoproduction)
Coude Save – Our Souls EP (Influenza Records)
Regardez le clip de Either sur notre site.
Saintard – Calor EP (Saintard distribué par Spinnup)
One Sentence, Supervisor – Acedia (Irascible Records)
Ana – Faux EP (Enchanté Records / Idol)
Trip For Léon – Perpetual Waves EP (Un hublot dans la tête)




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