Avec Confessions de Philippe Katerine, Magdalene de FKA Twigs et Mummer Love de Soundwalk Collective & Patti Smith, ainsi que le documentaire Le monde selon Radiohead (Arte), Magic vous a sélectionné les sorties importantes de ce vendredi 8 novembre 2019 (et rattrape les quelques-uns qui sont sortis le 1er).
PHILIPPE KATERINE – Confessions
(CINQ7 / WAGRAM)
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Confessions est la chambre d’écho de notre époque. D’abord par le choix des arrangements. Exit le piano sans âge à la Erik Satie et place à des sons empruntés aux musiques dites urbaines. Katerine touche au génie avec cet album gargantuesque : il n’en fait qu’à sa tête, quitte à déstabiliser son auditeur et le faire se questionner sur la notion même de bon et de mauvais goût. C’est un coup de cœur Magic, à feuilleter dans notre n°218 tout juste paru.
FKA TWIGS – Magdalene
(YOUNG TURKS)
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Magdalene, en référence à Marie-Madeleine, grande oubliée de la Bible, dans l’ombre de Jésus, est l’album d’une survivante. Sa musique vibre d’une nouvelle énergie féminine à la Kate Bush, qu’elle chante la sororité ou refuse de se laisser dicter. FKA Twigs, en un mot, est puissante. Elle a réussi sa mue, avec l’honnêteté qui doit désormais lui être reconnue. C’est un coup de cœur Magic, à feuilleter dans notre n°218 tout juste paru.
SOUNDWALK COLLECTIVE & PATTI SMITH – Mummer Love
(BELLA UNION)
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Voici le second volet du triptyque The Perfect Vision imaginé par Soundwalk Collective et Patti Smith, et s’attachant aux quêtes de trois poètes français. Après Antonin Artaud, c’est autour d’Arthur Rimbaud que s’articule le très beau disque Mummer Love. Tout ce matériau sonore – les instruments de musique, les field recordings, les mots de Patti Smith tantôt confiés, scandés ou chantés – offre au poète le plus intense des tombeaux. A lire dans notre numéro 218 tout juste paru, un guide d’écoute de la carrière de Patti Smith.
ISAAC DELUSION –Uplifters
(MICROQLIMA)
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Avec Uplifters, le quatuor Isaac Delusion revient nous faire rêver tout en synthétiseurs oniriques et boîtes à rythmes. Les trentenaires transforment chacune des onze pistes en réminiscences mélancoliques de nos boums un peu ratées de l’adolescence. L’équivalent musical de lunettes roses en forme de cœur.
RACHAEL DADD – Flux
(MEMPHIS INDUSTRIES)
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Bien loin de la folk autocentrée autour du combo voix-guitare acoustique, Rachael Dadd varie les styles avec son sixième album solo. Sur Arrow, la basse de Jim Barr (Portishead) pousse jusqu’aux confins de la pop romantique. Language of Water est une belle ballade où se mue la voix fragile de Rachael Dadd, quand Animal reprend les codes de la musique folk ancestrale, dans une justesse douce et précise.
GIANT SAND – Glum
(FIRE RECORDS)
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Glum, enregistré initialement en 1994, peut prétendre à un disque de transition entre le tropisme folk noise et des envies plus americana. Cette réédition vaut aussi bien pour Spun, cette ballade au piano avec Victoria Williams (comme un écho aux premiers Tom Waits) que pour cette session pour la radio américaine KCRW entre gospel et jazz enregistrée à l’époque.
PHÔS – À L’Oblique
(CATGANG MUSIC)
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Que ce soit en solo ou, comme ici, en collaboration avec l’artiste dark electro Intratextures, Catherine Watine nous transporte dans son univers singulier, souvent fantasque et à l’émotion tremblante. Délaissant le chant pour un spoken word sec et froid, elle se rapproche d’un Daniel Darc atone.
Le monde selon Radiohead de Benjamin Clavel
Produit par Bridges et Arte (53 minutes)
Ce documentaire est tout bonnement passionnant. Benjamin Clavel sollicite les avis les plus éclairés concernant les positionnements philosophiques, existentiels et politiques de Radiohead, probablement l’un des plus grands groupes de rock des 25 dernières années. On y croise un biographe, des philosophes, des écrivains, un musicologue et même un certain… Steve Reich. On regrette seulement qu’aucun membre du groupe n’ait apporté ses propres explications sur ces domaines éminemment sujets aux interprétations.
Vendredi 8 novembre à 22h45 sur Arte et dès à présent sur YouTube
Et le rattrapage des sorties du 1er novembre…
OMNI – Networker
(Sub Pop)
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Sur ce troisième album, Omni ralentit un peu le rythme, privilégie les saccades aux cascades des chansons mal peignées de Multi-task (2017), convie des claviers à appuyer le propos comme sur l’entêtant Courtesy Call, entre Talking Heads débutants et le Television de Marquee Moon. Un de ces morceaux qui prouve que les Américains savent autant jouer de la tête que des jambes.
WARMDUSCHER – Tainted Lunch
(LEAF LABEL / DIFFER-ANT)
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Comme leurs cousins de la Fat White Family l’ont fait cette année avec Serf’s Up, le groupe le plus authentiquement barré de Grande-Bretagne agite boîtes à rythmes, beats disco et synthés (Disco Peanuts ou le jouissif Midnight Dippers). Mais entre leur goût irrésistible du décalage, leur ADN intact et ce sens du contraste – écoutez donc la comptine Tiny Letters épicée à la sauce Screamin’ Jay Hawkins –, on est ravi de voir que certains ados ne vieillissent pas.
LEIF VOLLEBEKK – New Ways
(SECRET CITY RECORDS)
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Deux ans après nous avoir fait craquer avec Twin Solitude, le Canadien Leif Vollebekk revient avec sa voix traînante et légèrement éraillée. Autour d’orchestrations discrètes (guitare nuancée, batterie comme un battement de cœur), Leif Vollebekk et son piano apportent un brin de chaleur et de sensualité au spleen qui habite les compositions. Avec New Ways, Leif Vollebekk nous fait pleurer à chaudes larmes (Hot Tears, mélancolique à souhait) et nous console en même temps.
TAU – And The Drones of Praise
(DRONES OF PRAISES RECORDS / DIFFER-ANT)
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TAU est le projet du musicien irlandais-berlinois Sean Mulrooney. Son deuxième album, And The Drones of Praise (après TAU TAU TAU en 2016) est une proposition singulière, difficile à classer, mais qui dégage une sensibilité puissante et une forte adéquation avec notre déstabilisante époque. Si la plupart des musiques sonnent comme des couches de vibrations sonores conçues pour transpercer le silence, la musique de Tau sonne comme le bourdonnement du monde qui aurait été délesté de sa boue, de sa graisse, de toutes ses couches superflues, pour nous en révéler des lignes jusque là invisibles, toutes intrigantes mais accueillantes.
Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour (et du 1er novembre) :
Charles Rumback & Ryley Walker – Little Common Twist (Thrill Jockey)
La Vague (浪) – Lemme Be EP (La Couveuse)
Sebastian – Thirst (Ed Banger/Because)
Lapalux – Amnioverse (Brainfeeder)
Manuel Étienne – Imago (Bloody Mary Music and Records / Inouie Distribution)
Jeffrey Lewis & The Voltage – Bad Wiring (Moshi Moshi Records) (Paru le 1er novembre)
Girl Ray – Girl (Moshi Moshi Records)
Sin Fang – Sad Party (Morr Music)
La Mverte – No Trespassers EP (Her Majesty’s Ship)
My Favorite Horses – Funkhauser (Microcultures / Kuroneko)
Thé Vanille – Ville hantée (Autoproduit)
Gang Star – One of the Best Yet (1er novembre)
A Winged Victory For The Sullen – The Undivided Five
Fenella – Fenella (Fire Records) (Paru le 1er novembre)
Ty Segall – Pig Man Lives Volume 1 (Drag City )(Paru le 1er novembre)
The Pop Group – Y’(réédition) (Mute/[PIAS]) (Paru le 1er novembre)