Avec Juillet d’En attendant Ana, Concrete & Glass de Nicolas Godin et InBach d’Arandel, Magic vous a sélectionné les disques importants de ce vendredi 24 janvier.
EN ATTENDANT ANA – Juillet
(TROUBLE IN MIND RECORDS)
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La dernière fois que nous avions eu des nouvelles (chansons) d’En Attendant Ana, c’était il y a près de deux ans (Lost and Found). Puis le temps s’est écoulé et la vie a fait son œuvre, déchirant au passage quelques cœurs. Mais la bande parisienne a tenu face à la tempête. Admirablement. Juillet est un de ces albums qui éblouit les canaux auditifs et que l’on admirera encore dans une grosse paire d’année, au moins. Prenant les rênes de cette joyeuse troupe de musiciens hors pair, la chanteuse Margaux Bouchaudon s’embarque dans une chevauchée expiatrice dont on ressort les yeux brillants. Les guitares, «garagement lumineuses», distillent nombre de riffs exquis, tandis qu’une partie rythmique toujours tambour battant, transforme chaque chanson en torrent d’émotions. Réservez une place pour Juillet dans les classements des grands disques de cette année 2020. Car c’est déjà un coup de cœur de notre numéro 219, en ce moment en kiosque.
A lire dans notre n°219 en kiosques,
le grand récit de la trajectoire du groupe
NICOLAS GODIN – Concrete and Glass
(BECAUSE MUSIC)
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Avec Contrepoint, premier album solo sorti il y a quatre ans, hommage iconoclaste à Jean-Sébastien Bachn Nicolas Godin avait surpris son monde. Aujourd’hui, Concrete and Glass n’est cette fois pas un hommage à un compositeur, mais à une discipline : l’architecture. Une surprise toute relative pour qui connaît bien sa biographie, diplômé d’architecture et fils d’architecte, et surtout la musique du duo qu’il formait avec Jean-Benoît Dunckel. C’est justement le meilleur de Air que convoque Concrete and Glass, mais raccroché cette fois à la terre ferme.
A lire dans notre n°219 en kiosques,
notre chronique coup de cœur et 6 pages d’entretien avec Nicolas Godin
ARANDEL – InBach
(INFINÉ)
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Par son geste, librement inspiré, voilà un disque d’affranchi, débarrassé de tout conservatisme, lettré, pop et prospectif. Moderne. Le quatrième album d’Arandel est aujourd’hui plus souple dans ses principes (il s’est autorisé à traduire certaines partitions de Bach en MIDI), ouvert (chaque morceau ou presque invite un collaborateur de luxe, de l’omniprésent Gaspard Claus à Vanessa Wagner en passant par Areski) et accueille un instrumentarium de musique classique d’exception, pour partie de pièces rarissimes prêtées par le musée de la Musique. Une grand disque oecuménique.
A lire dans notre n°219 en kiosques,
la chronique coup de cœur de l’album
ANDY SHAUF – The Neon Skyline
(ANTI-)
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Le style du Canadien abonde dès l’introduction de ce nouvel album : une élégance évidente, un art de créer des harmonies fluides et un don pour bouleverser, en un instant. Mais ces douces retrouvailles n’empêchent pas la surprise : finie la mélancolie gracieuse de The Party (2016), le compositeur a décidé de réchauffer l’atmosphère et d’illuminer son horizon.
A lire dans notre n°219 en kiosques,
la génèse de l’album par Andy Shauf
YORKSTON/THORNE/KHAN – Navarasa : Nine Emotions
(DOMINO RECORDS)
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D’un côté James Yorkston, un Écossais plutôt discret (neuf albums chez Domino tout de même), versant dans la tradition folk. De l’autre Suhail Yusuf Khan, Indien de New Delhi, descendant d’une longue et illustre lignée de musiciens locaux. Au centre Jon Thorne, bassiste de jazz et d’électro. Un assemblage virtuose, hétéroclite et érudit à l’origine d’une musique qui évolue subrepticement du folk le plus brut aux chants hindis en passant par des rythmes fervents, pour aboutir au chef-d’œuvre.
THE PISTACHIO KID – Sweet Remedies
(VIOLETTE RECORDS)
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Le cœur du disque de The Pistachio Kid réside en la voix et les cordes de nylon de la guitare de Charlie. Car la musique folk est le langage naturel de ces déclarations d’optimisme qui savent néanmoins le langage de la mélancolie. Les huit chansons du Britannique Charlie McKeon, qui officie sous le nom The Pistachio Kid, font des miracles.
OKAY KAYA – Watch This Liquid Pour Itself
(JAGJAGUWAR)
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Après son premier album Both (2018), Kaya Wilkins confirme son talent. La Norvégienne basée à New York sait par exemple composer, sur une instru rock mélodieuse, une drôle d’ode à la vie quotidienne dans un hôpital psychiatrique (Psych Ward). Ou parler d’asexualité sur un son rétro-techno entraînant. Watch This Liquid Pour Itself rafraîchit par leur inventivité et leur excellent équilibre entre second degré et profondeur.
TERRY ALLEN & THE PANHANDLE MYSTERY BAND
Just Like Moby Dick
(PARADISE OF BACHELORS / DIFFER-ANT)
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Les musiques de Terry Allen sont comme des histoires hivernales racontées au coin d’un feu de cheminée. Empreint de country, Just Like Moby Dick, seizième album du songwriter, est un recueil d’histoires rocambolesques à écouter de manière attentive. Bien plus qu’un disque de mélodies somptueuses, c’est l’expérience d’un conte pénétrant.
PET SHOP BOYS – Hot Spot
(X2 / KOBALT LABEL SERVICES)
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Hot Spot, le quatorzième album des Pet Shop Boys, et dernier chapitre d’une trilogie entamée en 2013, confirme que le temps n’a pas de prise sur la musique de la formation anglaise. On retrouve toujours chez Neil Tennant et Chris Lowe sa collection de vignettes house ou ses versants plus mélancoliques. Et même s’il faut attendre le sublime Hoping for a Miracle pour être totalement convaincu, leur exigence est égale à notre attachement profond pour ce duo.
THEO HAKOLA – Water Is Wet
(MICROCULTURES RECORDS / KURONEKO)
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Water Is Wet est le huitième album de Theo Hakola, et le premier à proposer des chansons originales en huit ans. Pour les fidèles de l’Américain qui réside en France depuis la fin des années 1970, découvert dès le début des années 1980 au sein de ses formations Passion Fodder et Orchestre Rouge, c’est un événement. Ici, Theo Hakola creuse le sillon initié en solo et c’est un immense plaisir de s’y couler à nouveau. Les chansons de ce dandy engagé se déploient tels des fleuves en crue, dont le débit irrésistible n’interdit pas quelques courants contraires ou plus calmes méandres.
MONOLITHE NOIR – Moira
(KOTOW RECORDS)
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Contrairement à ce que laisse présager son nom de scène, Monolithe Noir, le Français Antoine Pasqualini n’est pas fait d’un seul bloc. Moira, son second album sous cet alias, n’est pas avare en paradoxes et passe sans trembler du prog à l’ambient, de l’electronica à la folk.Un noir plein de nuances et d’humeurs sur ce Moira hanté.
THE BLACK LIPS – Sing in a World That’s Falling Apart
(FIRE RECORDS / VICE)
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Au crépuscule des années soixante, la pop US se cherche un nouvel éden. La boussole des Byrds leur indique le Sud. Cap sur Nashville où le groupe angelino se réinvente – avec l’arrivée de Gram Parsons – en pionnier du country rock bientôt tout-puissant. Cinquante ans plus tard, les Black Lips ont l’avantage du terrain : originaires d’Atlanta, ces canailles du garage-punk peuvent réussir le même genre de mue sans jouer les déracinés.
TRISTEN – Les Identités remarquables
(BAMBINO MUSIQUE / INOUÏE DISTRIBUTION)
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Sébastien Pasquet n’avait pas choisi entre chanson française, pop et rock dans ses trois premiers albums. Ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui. Sur Les Identités remarquables, Tristen promène ses élégances à la Dominique A, Frédéric Lo ou Bertrand Belin, entouré par des voix féminines (La Féline, Bénédicte) qui mettent en valeur son timbre mat et sa littérature du quotidien.
BIG MOUNTAIN COUNTY – Somewhere Else
(PORTO RECORDS)
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Avec son deuxième album, le quatuor romain continue de nous distiller une déferlante de saveurs sonores et de senteurs hallucinogènes. Les riffs « psychsexrock » et tapageurs de Dust se lovent dans les descentes des gammes de synthétiseurs (Tonite), à la rondeur des boîtes à rythmes psychédéliques (Somewhere Else) ou au groove tapageur des solos de guitare (Just a boy).