Avec "To Love Is To Live" de Jehnny Beth, "Mary D.Kay" d'Animali et "Love, Disorderly" de Thomas Azier, Magic vous a sélectionné les sorties importantes de ce vendredi 12 juin.
JEHNNY BETH – To Love Is To Live
(CAROLINE RECORDS)
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Du chaos naît l’intensité. Ainsi pourrait-on résumer le processus créatif du premier album solo de la sauvage Jehnny Beth. À rebours de l’urgence dictée par les enregistrements du groupe punk-rock Savages, qu’elle leade, la Française a décidé de lever le pied, pour en tirer des enseignements. Frappée par le deuil et la découverte récente de Blackstar de Bowie (2016) – To Love Is To Live est aussi inclassable –, elle a conçu cet album comme si c’était le dernier, comme s’il s’agissait d’un album posthume. Il est débordant de vie et d’énergie, tendu de bout en bout. Sauvage ? Elle nous l’a prouvé. Maintenant, elle se laisse gagner par son désir, un désir brûlant, dévorant, qui nous cueille sans qu’on émette la moindre résistance.
ANIMALI – Mary D.Kay
(Mikrokosm/ Archipel)
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Entre l’élégance de Air, le lyrisme souffreteux de Radiohead, des références psychés 60’s et le mélodisme britannique, le premier album d’Animali est une merveille. L’attente – le premier EP The spark and three other poorly-produced pieces of music remonte à 2014 – en valait vraiment la peine. Le duo Lyonnais formé par Julien Jussey et Benjamin Richardier livre probablement aujourd’hui le plus bel album de pop française, mais pas en français, de l’année. Un coup de cœur Magic.
THOMAS AZIER – Love, Disorderly
(Hylas Records)
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Thomas Azier, Hollandais d’origine installé à Berlin s’est laissé gagner par la fièvre berlinoise dans son quatrième album. La pop orchestrale d’hier est aujourd’hui maltraitée par la techno indus. Le résultat est tendu, épineux. Puis dilué avec plus ou moins d’intensité. Toutes les chansons (huit au total) reposent sur cette opposition, en particulier quand Thomas Azier reprend Gala avec l’impertinence d’un Iggy Pop. Jouissif.
PAUL WELLER – On Sunset
(POLYDOR)
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Ce drôle de disque soul, le quinzième de Weller en solo, a l’audace et la dispersion de l’artiste émérite qui vit dans son époque. Aucun repli identitaire pour le Modfather, qui furète ici comme au temps du Style Council et jette ses trouvailles en vrac dans ses chansons : un jeune crooner R’n’B sur Earth Beat, des basses de club sur Mirror Ball. D’où une orchestration un peu encombrée qui, par chance, ne paralyse pas certaines forces : de grandes facilités de mélodiste et cette voix blanche, chic et élimée comme un vieux tweed.
BIBIO– Sleep On The Wing
(WARP)
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Back to basics. Pour son dixième album, Bibio signe un disque tout en rêveries lo-fi, synthèse quasi parfaite de sa discographie entamée il y a quinze ans avec Fi (Mush Records). Comme toujours chez le quadra’, c’est dans les arrangements électroniques et classiques (violons, bois) que ce disque printanier, pastoral – on y entend même des chants d’oiseaux -, et dont on devinerait presque des inspirations médiévales, atteint une forme de perfection candide. Rarement retour aux sources n’est aussi ressourçant.
DRAB CITY – Good Songs for Bad People
(BELLA UNION / [PIAS])
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Une multitude d’influences et un premier album surprenant. Ce duo façonne ses chansons comme des collages, des patchworks, des couches superposées : pop rétro, rythmes soul et funk, arrangements de flûte et sons travaillés au millimètre façon trip-hop donnent un beau relief à ce Good Songs for Bad People. On trouvera ici la luminosité de Melody’s Echo Chamber ou de Pam Risourié, les rythmes chaloupés d’Astrud Gilberto, le spleen de Fat White Family…
BBCC – Altered States of Consciousness
(OCTOBER TONE RECORDS)
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BBCC, acronyme de BangBangCockCock, avait déjà livré il y a cinq ans l’envoûtant Heidentum. Depuis, un hiver nucléaire s’est abattu sur le monde du sextette strasbourgeois. C’est en tout cas l’impression dégagée par Altered State of Consciousness, LP de krautrock lorgnant parfois sur des territoires prog, voire zouk.
GIA MARGARET – Mia Gargaret
(ORINDAL RECORDS)
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Ce qui aurait pu être une tragédie devient ici un petit miracle. Gia Margaret, dont le succès du premier album There’s always Glimmer, en 2019, prédestinait à enchaîner les beaux disques de folk, a perdu l’usage de sa voix pendant six mois à cause d’une laryngite à la sortie de son disque. Mais plutôt que de se morfondre, elle en a profité pour nous offrir un superbe album d’ambient. On n’évite certes pas quelques poncifs du field recording, reste que malgré la différence formelle de ce nouvel opus, l’intention semble la même. Elle qualifiait la musique de son premier album de “sleep rock” ? Ces nappes de synthé ne sont en fait que de nouveaux édredons.
MUDDY MONK – Ultra Tape
(HALF AWAKE RECORDS)
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Voilà un beau pas en avant pour le Suisse Muddy Monk. Toujours sous des airs de synth pop lofi maniérée se trouve sa production la plus audacieuse à ce jour. On pense toujours aux grandes heures de Neon Indian, à la jeunesse de M83, mais aussi au nombrilisme émotionnel des rappeurs home-studistes. Plus sensible donc, mais aussi, comme sur Ternevent et Mylenium, plus radicalement changeant.
Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :
FOALS – Collected Reworks Vol1 (FOALS / WARNER MUSIC)
V/A – Volupté Amère (IMPORTED RECORDINGS)
RÉGINA DEMINA – Hystérie! (KWAIDAN RECORDS)
SAMMY BRUE – Crash Test Kid (NEW WEST RECORDS)
CAMILLE BÉNÂTRE – Après le soir (HIDDEN BAY RECORDS)
PHOTAY – Waking Hours (MEXICAN SUMMER)
WESLEY GONZALEZ – Appalling Human (MOSHI MOSHI RECORDS)